Dans quelques heures, le rideau tombera sur la manifestation "Constantine, capitale 2015 de la culture arabe", le flambeau changera de main et la fête culturelle arabe atterrira dans la ville tunisienne de Sfax pour une autre année de culture et d'échanges. Une année durantr, Constantine, la cité forteresse qui se maintient sur son Rocher depuis plus de 2.500 ans, a pesé de toute son envergure historique et de tout son poids culturel pour représenter l'Algérie, son histoire et sa culture, et refléter l'art de recevoir à l'algérienne ses frères et ses amis. Constantine, la terre des braves, celle de l'Aguellid, unificateur de la Numidie, Massinissa, de Fadela et Meriem Saâdane, la cité du mouvement réformiste et du mouvement nationaliste, de l'amour inconditionnel de Malek Haddad, a brillé de mille feux, une année durant et célébré, douze mois d'affilée, la créativité. Tout n'était pas parfait certainement. Des "couacs" étaient inévitables au regard de l'immensité de l'événement, mais la plus importante manifestation que Constantine n'ait jamais organisée et vécue aura marqué inévitablement les esprits. Constantine, l'image valorisante de l'Algérie Dès l'annonce de l'ALECSO (Organisation arabe pour l'éducation, la culture et les sciences), fin 2013, du choix de Constantine comme capitale culturelle arabe pour l'année 2015, la ville est entrée dans un véritable tourbillon. Entre fierté et appréhensions, hésitations et doutes, les choses commençaient à prendre forme. Les premiers tâtonnements éclipsés, une approche pour préparer l'événement surgit et de cette approche un programme de réalisation est né. Colossal, ce programme de réalisation et de réhabilitation des édifices a conforté le statut de la ville des ponts. Pour l'année culturelle arabe, des femmes et des hommes ont sué, nuit et jour, pour être au rendez-vous un certain 16 avril 2015. Ces femmes et ces hommes se sont surpassés pour faire émerger la salle de spectacle Ahmed Bey, ses multiples espaces et ses nombreuses galléries, première du genre dans le pays et fierté de toute l'Algérie. Des femmes et des hommes se sont devancés pour transformer la maison de la culture Malek-Haddad et le palais de la culture Mohamed Laid Al Khalifa en espaces accueillants, confortables et fonctionnels. Cette même armada de femmes et d'hommes a veillé à donner "un coup de jeune" au Théâtre régional et ont oeuvré à achever et livré l'hôtel de haut standing de la chaîne internationale Marriott. Et puis, ce sont aussi ces mêmes femmes et hommes qui se sont acharnés pour présenter un centre ville régénéré, revitalisé avec un aménagement d'aires de détente et de loisirs, un éclairage public étudié ou encore la mise en place d'un mobilier urbain relooké. Constantine, terre d'échange et de brasage culturel Au cours de sa "valse" culturelle qui a duré une année, Constantine a uni et réuni les frères et les amis dans un hymne à la vie, une ode à la créativité et une célébration inouïe de l'échange. De Constantine, au premier coup d'archet, la Palestine a relaté la résistance par la culture et réitéré sa détermination à remporter la bataille de la culture et de l'identité, dans une semaine culturelle où Al Qods et le patrimoine palestinien ont été chantés, dansés et perpétués. L'Irak a donné le ton et, depuis la ville des ponts, les Irakiens ont lancé un message au monde pour dire que la vie continue dans leur pays, berceau des civilisations, et que même dans la douleur, le pays du Tigre et de l'Euphrate s'obstine, vaille que vaille, à célébrer la vie. Et la valse continuait. Depuis la cité du Vieux Rocher, l'Arabie Saoudite, le Koweït, l'Egypte, le Maroc, ou encore la Tunisie, le Qatar, l'Iran et le Sultanat d'Oman et de tant d'autres pays arabes ont salué l'Algérie qui unit et réunit, et ont prouvé que la culture resserre les rangs. De l'antique Cirta, en solo, en duo, en trio et en groupes, des artistes de l'Inde, de la Chine et du Japon et de beaucoup d'autres nations ont donné de belles leçons dans l'art de créer des passerelles culturelles. De la cité du "grand caillou", la Turquie, l'Italie, le Soudan et la Côté d'ivoire, l'Allemagne, les Etats-Unis d'Amérique et tant d'autres pays ont crée des séquences magiques de brassage culturel et des scènes interculturelles saisissantes. A quelques heures de la remise du flambeau, l'histoire retiendra que Constantine, la ville qui a "inventé" les ponts (ses huit merveilles en sont témoins), a encore érigé, en 2015, un autre pont et étendu ses ramifications pour rassembler les peuples et célébrer, dans la joie et l'amitié, la diversité.