Instaurer une culture du tri sélectif des ordures ménagères est le but d'une opération pilote lancée en juin 2014 dans deux quartiers de la ville de Tizi Ouzou par l'Agence nationale des déchets (AND). Après une étude réalisée par les services de cette structure, le quartier du 11 décembre et la cité des Fonctionnaires ont été retenus pour accueillir ce projet auquel sont associés l'APC de Tizi Ouzou, l'établissement public à caractère industriel et commercial chargé de la collecte des ordures et déchets ménagers de la commune de Tizi Ouzou (EPIC-CODEM), les deux comités de quartiers concernés et la direction de wilaya de l'environnement. Une action de sensibilisation et d'information a été menée au préalable en direction des habitants des deux agglomérations urbaines avant de procéder au lancement officiel de l'opération, le 10 juin 2014. Des points de collecte ont été retenus dans les deux sites et une vingtaine de bacs à ordures de différentes couleurs ont été placés. Les bacs jaunes ont été destinés à accueillir le plastique et le carton, les verts réservés aux déchets organiques, tandis que les bacs bleus servent aux dépôts en verre. Contrairement au quartier du 11 décembre où l'effort de l'AND est vite tombé à l'eau à cause de la démobilisation du comité de quartier et le caractère ouvert de la cité, l'opération a connu une évolution positive dans le deuxième site. L'encadrement, assuré par les membres du comité local, et le respect de la procédure du tri et des horaires de la collecte par les foyers ont donné leurs fruits et la cité des Fonctionnaires est vite réputée pour être l'espace urbain le plus propre et le plus organisé du chef-lieu de la wilaya. Le comité de quartier, à sa tête Nadir Saci, a élargi ses activités aux actions de volontariat initiées régulièrement dans la cité, au moment où les services de l'APC de Tizi Ouzou ont accompagné cet effort par des travaux d'embellissement menés à l'intérieur du site. Une démarche pour rentabiliser le tri sélectif Dans la perspective de rentabiliser l'opération, les représentants de la cité ont entrepris des contacts avec des entreprise spécialisées dans la récupération des déchets, notamment le plastique, le verre et le carton, a précisé à l'APS le président du comité de quartier. "Nous allons signer prochainement une convention avec un récupérateur privé de la matière sèche à qui nous vendrons le papier et le plastique issus du tri. Les recettes obtenues serviront à l'amélioration du cadre de vie des habitants du quartier", a-t-il déclaré. L'autre démarche entreprise par les jeunes du quartier concerne l'acquisition de corbeilles de couleur blanche qu'ils ont placées à cinq points de collecte pour servir à la récupération du pain, a-t-il fait savoir, signalant que ce produit est cédé gracieusement à un éleveur de la région. Quand la collecte joue en défaveur du tri Pendant plus d'un semestre, l'opération était un véritable succès et les différents partenaires ont accompli correctement les missions qui leur sont attribuées. La seule défaillance est venue de l'EPIC-CODEM chargé de la collecte des ordures qui, pour des considérations liées à "la rentabilité", a décidé de mélanger tous les déchets, préalablement triés au niveau du quartier des Fonctionnaires, dans un seul camion à benne-tasseuse. "Découragé", le comité de quartier a fini par renoncer à l'encadrement et au suivi des actions de tri au niveau de la cité, et tous les efforts consentis dans la sensibilisation et l'instauration de cette culture d'hygiène ont été abandonnés, a déploré M. Saci. "Actuellement, les citoyens sont libres de faire le tri. Nous n'avons pas le droit de les obliger à suivre les instructions alors que les chargés de la collecte n'accordent aucune importance à leur geste", a-t-il soutenu, appelant les autorités compétentes à prendre les mesures adéquates pour "sauver cette opération pilote de l'échec auquel elle est vouée". Un second camion de L'EPIC-CODEM pour "sauver" l'opération Saisi par l'APS, le directeur de l'EPIC-CODEM, Mourad Ferroudj a précisé que "des considérations liées à la rentabilité" l'empêchaient de mobiliser deux ou trois engins pour récupérer uniquement les déchets triés d'une seule cité. "Si le tri sélectif se faisait dans trois ou quatre quartiers de la ville de Tizi Ouzou, je mobiliserai les moyens matériels nécessaires pour accompagner la démarche. Mais, quand l'opération se fait au niveau d'une seule cité, je ne peux pas mettre autant de camions pour ramasser de petites quantités de déchets", s'est-il défendu. Et malgré cela, M. Ferroudj, s'est engagé à mettre à la disposition du comité de quartier un deuxième camion à benne qui prendra le plastique et le papier, au moment où la benne-tasseuse se chargera de déchets organiques. Engagement satisfait, puisqu'un deuxième camion assure depuis quelque jours la collecte de la matière sèche issue du tri sélectif, apprend-t-on des membres du comité de quartier des Fonctionnaires qui, pour leur part, ont relancé leurs actions tout en s'engageant à œuvrer pour l'élargissement de cette opération lancée par l'AND à d'autres quartiers de la ville de Tizi Ouzou.