ABEBA - Le ministre des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue des Etats arabes, Abdelkader Messahel a réitéré, mardi à Addis-Abeba, l'appel de l'Algérie, au respect de la volonté du peuple libyen dans le processus de règlement de la crise qui secoue son pays, invitant la communauté internationale à un accompagnement "loyal et franc" pour l'aider à sortir de cette crise. "L'Algérie est convaincue que les Libyens ont la capacité de pouvoir dépasser leurs divergences. C'est pourquoi mon pays appelle, de nouveau, au respect de la volonté des Libyens qui doivent s'approprier le processus de règlement de la crise et invite la communauté internationale à un accompagnement loyal, franc et sans équivoque pour les aider à sortir définitivement leur pays de la crise qui perdure et des dangers qui le guettent", a déclaré M. Messahel à la réunion au sommet du Comite de haut niveau de l'UA sur la Libye. Il a rappelé, à ce propos, que "l'Algérie n'a cessé depuis le début de la crise en Libye d'attirer l'attention sur les dangers d'une impasse dans ce pays et a appelé à l'urgence et à l'impératif d'inclure, à l'exclusion des groupes terroristes listés comme tels par les Nations unies, toutes les parties libyennes politiques, sécuritaires, culturelles, cultuelles, représentants de tribus et de la société civile, à s'engager dans le processus politique et à œuvrer dans le sens du rétablissement de la stabilité et de la sécurité en Libye". M. Messahel a souligné que l'Algérie "a défendu cette position depuis septembre 2012 auprès Nations Unies, de tous les frères libyens avec lesquels elle entretient du reste des relations suivies et empreintes de respect et d'amitié, ainsi qu'auprès de tous les partenaires étrangers". Il a assuré, à cet effet, que l'Algérie "continuera d'appuyer les efforts des Libyens, des Nations unies, de l'Union Africaine, des pays voisins, de la Communauté internationale et de tous ceux qui s'inscrivent résolument dans le processus de recouvrement de la paix dans ce pays frère pour mettre fin aux souffrances incommensurables du peuple libyen qui n'aspire qu'à vivre dans des conditions de quiétude, de sérénité et de développement". Cette réunion se tient à un moment "crucial du processus de règlement de la crise en Libye dont l'impact et les conséquences sur nos pays sont avérés", a relevé le ministre. "Elle nous offre l'occasion d'évaluer ensemble les efforts en cours sur la voie du retour à la paix, à la sécurité et à la stabilité en Libye meurtrie par plus de cinq années d'affrontements et participe aussi, de cet engagement renouvelé de notre organisation continentale à accompagner les parties libyennes à mener à son terme ultime le projet de rétablissement définitif et durable de la paix qu'elles ont scellé en signant l'Accord politique le 17 décembre 2015", a-t-il expliqué. Il a rappelé, aussi, que "depuis le début des évènements que connaît ce pays voisin et frère, l'Algérie s'est investie fortement pour le règlement de la crise en Libye et a largement contribué à la conclusion de l'Accord politique libyen de manière discrète et décisive en abritant de nombreuses rencontres de partis politiques et d'activistes libyens, en encourageant le rapprochement des parties libyennes et en privilégiant la voie du dialogue et de la réconciliation, seuls garants d'une paix durable et définitive dans ce pays". "C'est cette position que l'Algérie a constamment portée pour une Libye unie, apaisée, prospère et réconciliée avec elle-même", a-t-il indiqué. Ainsi, "la solution politique fondée sur le dialogue inclusif entre toutes les parties libyennes qui rejettent la violence est l'alternative pour la sortie de la crise en Libye. Toute démarche différente et non consensuelle risque de prolonger indéfiniment cette grave situation". L'Accord politique signé sous l'égide de l'ONU par parties libyennes, "malgré les obstacles mis à sa mise en œuvre dans les délais et règles impartis, constitue le cadre de règlement de la crise dans ce pays", a-t-il précisé. Cet accord "représente un compromis consensuel de négociations qui ne peut, en aucun cas, satisfaire toutes les parties ou répondre à l'ensemble de leurs préoccupations. Etant entendu que cet Accord doit gérer une période de transition. Sa mise en œuvre nécessite un soutien total et loyal de la communauté internationale, à travers un agenda unique celui du rétablissement de la paix et de la stabilité dans ce pays voisin et frère", a expliqué M. Messahel. Il s'agit, également, de "l'impératif pour les trois institutions issues de l'Accord politique libyen (Conseil Présidentiel du Gouvernement d'entente nationale, Chambre des Représentants et Conseil d'Etat), de travailler ensemble et de fédérer leurs efforts pour sortir de l'impasse et de dépasser les contingences actuelles". La position de l'Algérie porte, en outre, sur "l'importance pour les Libyens de s'approprier le processus politique et trouver des solutions à leurs différends dans le cadre du dialogue inclusif afin de préserver l'unité et l'intégrité territoriale de leur pays, de sa souveraineté et de sa cohésion nationale". L'Algérie souligné, aussi, "la nécessité d'encourager et d'élargir les bases du dialogue national inter-libyen pour inclure toutes les parties notamment celles influentes aux plans politique, sécuritaire, culturel, religieux, économique, social et ce, en vue d'aboutir au consensus le plus large possible et d'obtenir une plus grande adhésion populaire". L'Algérie qui a défendu cette approche, depuis le début du processus onusien, demeure convaincue que "c'est la seule voie, à même d'accélérer la sortie de crise", a affirmé M. Messahel. Pour l'Algérie, "le dialogue et la réconciliation nationale, sans exclusion aucune, et sans ingérence extérieure sont garants du règlement définitif de la crise pour éviter à la Libye les périls de division et de déstabilisation", a-t-il insisté. "L'urgence de la formation par le Conseil Présidentiel, qui bénéficie de notre soutien, d'un Gouvernement d'entente nationale et son approbation dans les meilleurs délais possibles par la Chambre des Représentants, conformément aux dispositions de l'Accord politique du 17 décembre 2015, sans aucune ingérence extérieure, ni pressions et menaces de quelle que partie que ce soit, pour permettre à ce Gouvernement d'assumer souverainement et pleinement ses missions multiples aux plans politique, économique et sécuritaire", a-t-il précisé. "La construction de la Libye de demain nécessite la mise en place d'institutions fortes, unies, justes et équitables chargées de servir indistinctement tous les Libyens", a ajouté le ministre. L'Algérie "salue les victoires remportées par les forces libyennes dans leur lutte contre le terrorisme, à Syrte, à Benghazi et dans d'autres localités du pays", a indiqué M. Messahel, soulignant que "toutefois, cette lutte contre le terrorisme et ses connexions ne peut être efficace que dans la mise en place d'institutions justes, crédibles et solides, seules capables d'éradiquer le terrorisme qui a déjà fait jonction avec le crime organisé et qui constitue une menace pour la sécurité et la stabilité des pays voisins". Pour l'Algérie, "le gel des fonds et autres ressources de la Libye doit être levé pour permettre aux autorités légitimes et reconnues de répondre aux besoins immédiats de la population, notamment en termes de fourniture d'électricité et d'eau et dans les domaines de la santé, de l'éducation et de l'amélioration des conditions de vie". L'Algérie insiste à ce que "l'UA, qui a tout entrepris en 2011 pour éviter à ce pays frère et voisin, les affres de l'intervention militaire, doit s'impliquer davantage aux côtés des Nations Unies pour amener les parties libyennes, la communauté internationale à soutenir le processus politique actuellement engagé pour le recouvrement de la paix, de la stabilité et de la sécurité dans ce pays et à travailler avec les Etats voisins en raison de conséquences directes de cette crise sur leur propre sécurité", a indiqué M. Messahel.