Le commandant Djillali Bounaâma était un politicien et un militaire hors pair dont la clairvoyance a été d'un apport indéniable à la Révolution armée, a affirmé mercredi à Khémis Miliana (Aïn Defla) le commandant Omar Ramdane, ancien moudjahid de la wilaya 4. Animant à l'université de Khémis Miliana une conférence sur le parcours de l'illustre martyr à l'initiative de l'association Mechaâl Echahid, le commandant Ramdane a qualifié Djillali Bounaâma de "visionnaire", de "héros intrépide" et de "source de l'héroïsme et du patriotisme". Selon lui, les qualités de Djillali Bounaâma, ajoutées à son patriotisme et à son désir ardent de voir le pays libéré du joug du colonisateur, ont vite fait de le propulser au-devant de la scène, faisant de lui un élément "incontournable" dans la lutte armée. Il a, à ce titre, estimé "révélateur" le fait que le général Maurice Châles ait lui-même fait l'éloge de Djillali Bounaâma dans ses mémoires, n'hésitant pas à le qualifier de "plus grand chef de la révolution algérienne". "A un moudjahid qui l'informait du décès de sa mère depuis plusieurs jours, Djillali Bounaâma n'a réagi qu'en lui disant ‘Allah yarhamha', sans se soucier des circonstances de sa mort", a témoigné le conférencier, notant que la détermination du martyr à prendre part au combat libérateur de son pays a "tout relégué au second plan". Observant que la Révolution armée a notamment réussi grâce aux jeunes "qui y ont adhéré massivement", il a noté que la wilaya 4 a particulièrement souffert durant la Révolution à cause des difficultés pour l'acheminement des armes compte tenu du fait qu'elle était située loin des frontières. "Je ne ferais preuve d'aucune originalité en disant que de tout temps, la wilaya 4 a constitué le centre d'intérêt pour les colons pour la simple raison qu'elle comptait les riches plaines de la Mitidja et de Chlef", a fait remarquer l'orateur, mettant en exergue les dures batailles qui s'y sont déroulées. Abordant le congrès de la Soummam, il a estimé que n'était-ce cette réunion "historique" dont les retombées étaient positives à plus d'un titre, l'indépendance du pays n'aurait peut être pas été acquise à ce jour. Selon lui, l'organisation de la lutte armée mise en place par le congrès de la Soummam s'est avérée payante et a permis à la Révolution de s'enraciner au sein de la population. S'adressant aux étudiants de l'université de Khémis Miliana baptisée depuis deux ans au nom du martyr, il leur a signifié qu'ils ne pouvaient qu'être fiers que leur université porte le nom d'un des plus grands héros de la Révolution, les exhortant à se surpasser pour que le pays soit présent dans le gotha des grandes nations. "Votre responsabilité est assurément immense dans la bataille visant l'édification du pays", leur a-t-il lancé, observant que la génération de novembre doit leur servir de modèle en matière de sacrifice, de patriotisme et de surpassement. Le président de l'association Mechaâl Echahid, Mohamed Abbad a, de son côté, estimé que la tenue de rencontres sur la Révolution au sein des campus universitaires permet aux étudiants de prendre conscience des sacrifices consentis pour le recouvrement de l'indépendance. Djillali Bounaâma, dit si M'Hamed, est né en avril 1926 dans le douar Béni Handel au cœur de l'Ouarsenis, où il suivit des études scolaires avant de s'orienter très jeune à la vie active, en travaillant dans une mine pour aider sa famille pauvre. Il rejoignit les maquis de l'Armée de libération nationale et participa au déclenchement de la guerre de libération, faisant de l'Ouarsenis, grâce à son dynamisme et sa force de résistance, une citadelle imprenable pour le Front et l'Armée de libération nationale de 1955 à 1956. Après le Congrès de la Soummam, il commença à constituer des unités de frappe contre l'ennemi sur toutes les limites de la Wilaya IV historique. En 1957, fût promu commandant de la zone III, qu'il rendit inaccessible et interdite à l'armée coloniale grâce à l'organisation politique, administrative et sociale qu'il mena. Il entra au Conseil de la Wilaya IV en 1958 comme chef militaire aux côtés de Si Mhamed Bouguerra qu'il remplaça en qualité de commandant de cette même wilaya à la mort de ce dernier, tombé au champ d'honneur. Il choisit la ville de Blida pour y installer son Poste de commandement (PC) et à partir duquel il organisa de nombreuses opérations militaires. Il participa activement à l'organisation des manifestations du 11 décembre 1960. Dans la nuit du 8 août 1961, il fût surpris avec ses camarades par une attaque de l'armée coloniale contre son PC à Baba Khoukha au cœur de la ville de Blida.