L'Union africaine (UA) réunit lundi à Addis Abeba ses partenaires, Union européenne, Haut-Commissariat de l'ONU aux réfugiés (HCR) et Organisation internationale pour les migrations (OIM) pour discuter des procédures d'évacuation de plusieurs milliers de migrants bloqués en Libye. L'idée, indique-t-on auprès de l'UA, est d'installer une cellule opérationnelle, un cadre pratique, pour coordonner au mieux tous les efforts nécessaires à la prise en charge des migrants, et plus particulièrement à l'évacuation de 15 000 d'entre eux de Libye d'ici la fin du mois de décembre. C'est le premier objectif que s'est fixé l'Union africaine qui espère avoir rapatrié tous ceux qui le souhaitent d'ici six mois. Cette réunion de travail vise à mettre en oeuvre le plus rapidement possible un plan d'évacuation des migrants en collaboration avec l'OIM. Mais pour cela, il faut le soutien financier des partenaires et la collaboration des Etats africains, qu'ils aient ou non des ressortissants bloqués en Libye. Le Rwanda à titre d'exemple s'est dit prêt à accueillir ceux qui ne pourraient pas rentrer chez eux. D'autres bonnes volontés sont attendues pour aider par exemple à identifier les migrants et fournir des documents de voyage à ceux qui n'en ont pas. Mais aussi, par exemple, pour mettre en place des vols spéciaux en l'absence de ligne régulière desservant Tripoli, chaque vol nécessitant une autorisation d'atterrissage et des autorisations de survol. Autant de points qui seront à l'ordre du jour ce lundi, avant d'être discutés dès la semaine prochaine à l'occasion d'une réunion des Etats membres de l'Union africaine. Après la diffusion d'un reportage de la chaîne de télévision américaine CNN montrant des images assimilables à "un commerce d'esclaves" sur le territoire libyen, largement partagé sur les réseaux sociaux et provoquant une forte émotion et suscitant des réactions indignées en Afrique et à l'ONU, la Libye avait annoncé récemment avoir décidé d'ouvrir une enquête sur ces informations faisant état de cas d'exploitation de migrants près de Tripoli. Amira al Fadil, l'envoyée de l'UA, a lors de son déplacement en Libye exprimé l'engagement "fort" de l'organisation panafricaine à travailler avec les autorités libyennes pour "diligenter immédiatement une enquête" et "en identifier les responsables et les traduire en justice", tandis que les autorités libyennes ont exprimé leur volonté et engagement à coopérer avec la Commission de l'Union africaine pour mener à bien le processus de rapatriement des migrants et trouver une solution à la crise. Quelque 3.800 migrants africains en Libye doivent être rapatriés d'urgence, avait annoncé le président de la Commission de l'Union africaine, Moussa Faki Mahamat, lors de la conférence de presse finale du 5e Sommet UA-UE à Abidjan (Côte d'Ivoire), soulignant que le chiffre global de migrants en Libye se situait "entre 400.000 et 700.000". L'Union africaine a dès lors dépêché sa Commissaire aux Affaires sociales en Libye, Amira El Fadil qui a rencontré les autorités, et visité un des centres de détention de migrants irréguliers de Tripoli. "Quand j'ai visité le centre de détention de Tariq al-Matar qui est un des centres sous le contrôle des autorités il y avait beaucoup de détenus, plus de 3000 migrants, dans un même lieu. Le rapatriement volontaire de tous les migrants bloqués en Libye pourrait prendre au total six mois, estime Amira El Fadil. "C'est pour ça que nous avons besoin de soutenir le gouvernement libyen, d'identifier avec les pays d'origine la nationalité des migrants et leur fournir des documents de voyage... On doit travailler vite pour accélérer notre opération de rapatriement. Notre priorité, c'est vraiment le rapatriement. On doit évacuer ces migrants de Libye", a-t-elle expliqué. L'Union africaine entend accélérer le processus, notamment en mobilisant ses Etats membres qui ont déjà fait des offres concrètes, poursuit la responsable de l'Union africaine. Les Etats membres ont fait part de leur volonté lors du sommet d'Abidjan. Tous ceux qui ont reçu des informations de l'OIM sur leurs ressortissants, ont dit qu'ils étaient prêts, qu'ils voulaient que ces gens rentrent chez eux.