La progression en Algérie de la tuberculose, en forme extra pulmonaire (TEP), soulève des questionnements quant à son origine, sachant que les cas sont plus souvent présumés que prouvés, a indiqué, jeudi à Alger, le Dr Sofiane Alihalasssa, chargé du Plan national de lutte contre cette maladie. "En Algérie, il a été constaté ces dernières années une inversion de l'incidence des cas de tuberculose qui s'est traduite par une diminution de 10 points de la forme contagieuse et une persistance d'un niveau relativement élevé de celle en extra pulmonaire (TEP)", a avancé le représentant du ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, lors de la rencontre de célébration de la Journée de lutte contre cette maladie (24 mars). Il a expliqué, chiffres à l'appui, que sur les 22.780 cas recensés en 2017, 15.409, soit 67 % des cas, relevaient de la tuberculose extra pulmonaire, avec une incidence de 37.1 cas pour 100.000 habitants, dont plus de la moitié représentée par la localisation ganglionnaire et un quart par la localisation pleurale (pleurésie). L'incidence par wilaya fait placer celle de Médéa en tête de peloton, suivie de celles de Blida, d'Oran, de Bordj Bou Arreridj et de Sétif, a relevé le spécialiste, ce qui le fera s'interroger si le caractère pastoral de la majorité de ces régions n'est pas à l'origine de la prévalence de la maladie. Le Dr Alihalasssa a tenu, néanmoins, à observer que les cas de tuberculose identifiés sont plus souvent présumés que prouvés, d'où, a-t-il recommandé, la nécessité pour les praticiens de s'assurer du moment où il faut arrêter ou prolonger le traitement, d'une part et de clarifier la sensibilité du patient envers les antituberculeux, d'autre part. L'Afrique, la plus touchée Dans un message de circonstance lu en son nom, la Directrice générale de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour l'Afrique, le Dr Matshidiso Moeti, a déploré, qu'en dépit des succès remarquables réalisés en matière de lutte antituberculeuse, le continent noir continue de ployer sous la plus lourde charge de cette maladie au monde. De même que les systèmes de santé africains ne détectent que la moitié des cas existants alors que la région compte le plus grand nombre de personnes atteintes simultanément du VIH Sida et de tuberculose, a-t-elle ajouté, notant que 40% des besoins financiers nécessaires à la lutte contre la tuberculose ne sont toujours pas comblés. Aussi, a-t-elle exhorté les Gouvernements à accroître le financement national de la lutte contre la tuberculose et à veiller à ce que les médicaments et autres fournitures de laboratoires essentiels soient toujours disponibles. De même, a-t-elle ajouté, qu'ils sont conviés à impulser des actions au-delà du secteur de la santé pour s'attaquer aux facteurs environnementaux et économiques pouvant accentuer le risque tuberculeux. A l'adresse des professionnels de la santé, elle a recommandé l'emploi des méthodes les plus éprouvées en termes de diagnostic et de traitement, avant de souligner que l'OMS et l'Union africaine (UA) définissent les mécanismes permettant le suivi des progrès réalisés dans le sens de l'éradication de la tuberculose et ce, à l'horizon 2030.