A chaque Ramadhan la population de la région d'Oued M'ya (ouargla) renoue avec la tradition de "El-Dayer", une réunion sociale ancienne où les voisins et amis se donnent rendez-vous pour raffermir les valeurs et cimenter la cohésion sociale. Cette tradition séculaire que les Ouarglis s'emploient à préserver se manifeste par des rencontres de familles après la prière des Tarawih (prières surégatoires), chaque soir chez l'une d'entre elle, agrémentée de pâtisseries traditionnelles et de plats culinaires, dont la Tchicha (orge moulu), Mekhtouma, M'hamsa et El-Mersoum, des mets traditionnels savamment préparés. Ces rencontres conviviales, regroupant des groupes composés d'une dizaine à une quinzaine de proches, de voisins et d'amis, constituent des espaces idoines pour, outre le partage d'un plat collectif, la lecture de versets coraniques et de panégyriques, la narration de contes et l'échange d'informations diverses et de connaissances. Pratiquement observées jusqu'à l'approche du moment du S'hor (dernier repas précédant la reprise du jeune), notamment au niveau des anciens quartiers d'Ouargla: Sidi-Amrane, Mekhadma, Bouamer, Said-Otba, Béni-thour, Rouissat et Ain-El-Beida, ces rencontres sont fièrement préservées car constituant un facteur de raffermissement des liens de fraternité et de la solidarité sociale. Bien qu'elle fasse partie des traditions ancestrales dans la région d'Oued-M'ya, "El-Dayer" est encore préservée même s'il a perdu son caractère "obligatoire" de jadis, a expliqué Mme Zohra du quartier Mekhadma qui a rappelé qu'elle était alors préparée dès l'approche du mois sacré, déjà par le grand nettoyage des foyers, le changement des ustensiles, et la révision des recettes culinaires Tant de traditions et de coutumes demeurent, à l'instar de celle d'El-Dayer, encore perpétuées par la population locale, dont El-Maârouf, ou le partage des repas du F'tour avec les voisins et les fidèles dans les mosquées qui sont invités après les prières des Tarawih autour d'un mets, ou encore "Douaka", un échange de plats entre voisins et amis comme signe de consécration des valeurs de fraternité et de solidarité. Yacine Benras, anthropologue, a regretté l'extinction graduelle de certaines traditions séculaires anciens dans la région, du fait de l'invasion de la modernité et de la vie cloitrée de certains, avant de saluer, toutefois, les populations des régions rurales de Ouargla, dont Afrane, El-Bour et N'goussa, encore attachées et fidèles aux traditions.