L'ancien président allemand, Horst Kohler, a décidé de se retirer de son rôle d'émissaire de l'ONU pour le Sahara Occidental après vingt mois d'intense médiation qui l'ont vu insuffler une nouvelle dynamique au processus de paix de l'ONU pour le règlement du conflit. Mercredi, les Nations Unies ont annoncé sa démission pour raison de santé, une décision prise après un échange avec le secrétaire général Antonio Guterres. Le départ de l'ancien président allemand, 76 ans, était en fait prévisible : " il ne s'est pas en fait retrouvé dans une situation confortable et ce n'est pas son style ", confie à l'APS une source proche du dossier. Sa démission répond à un souci de santé mais "le double jeu du Maroc" aurait certainement renforcé sa conviction de renoncer à sa mission de médiation, dira-t-on en substance. Avec le départ de M. Kohler, le Sahara occidental aura consommé quatre médiateurs après les deux américains James Baker et Christopher Ross et le hollandais Peter Van Walssun. Sa nomination, faut-il le souligner, est intervenue dans un contexte difficile, caractérisé par le blocage du processus onusien qu'il devait œuvrer à relancer. Mais confortée par une expérience de plus de 35 ans au sein de son gouvernement et d'organisations internationales, l'envoyé personnel de M. Guterres a réussi le premier pari, celui de remettre le processus politique sur les rails après six ans de blocage des négociations entre le Front Polisario et le Maroc. Kohler qui a évoqué des "solutions innovantes" au conflit, lors de son dernier briefing au Conseil de sécurité, prévoyait de tenir la troisième réunion en septembre, alors qu'un agenda parallèle misait sur un plan de paix ficelé avant octobre. Au demeurant, l'ancien président allemand n'a pas échappé aux obstacles imposés à son prédécesseur, Christopher Ross, qui l'ont empêché de conforter sa mission de médiation. Entravé dans sa liberté de mouvement, il s'est vu refusé l'accès aux interlocuteurs sahraouis dans les territoires illégalement occupés par le Maroc. Le secrétaire général n'a pas manqué de souligner ces obstacles dans son dernier rapport sur le Sahara Occidental, déplorant le fait que la Minurso soit empêchée de "s'acquitter de cette partie de son mandat qui consiste à prêter assistance à son envoyé personnel". Le Maroc a eu déjà à saborder les efforts d'un autre émissaire américain en 2004 lorsqu'il a rejeté le plan de paix proposé par James Baker, qui maintenait le principe d'autodétermination en exigeant la tenue d'un référendum au terme de cinq années de sa mise en œuvre. Mercredi soir, le Front Polisario a fait part de sa tristesse suite à cette démission, exhortant "le secrétaire général des Nations Unies à agir rapidement pour désigner un nouvel envoyé personnel, qui partage la conviction, la stature et la détermination du président Kohler ".