La responsable du Laboratoire des bactériologies des aliments, des eaux et de l'environnement à l'institut Pasteur d'Algérie, Dr. Fouzia Mouffok a annoncé, mercredi à Alger, la création prochaine de l'Agence nationale sanitaire des aliments. Dans une intervention à l'occasion d'une journée de sensibilisation sur la prévention des intoxications alimentaires, animée conjointement avec le Directeur de la prévention au ministère de la Santé, Dr. Djamel Fourar, et le Directeur général (DG) de l'Institut national de santé publique (INSP), Pr. Lyes Rahal, Mme. Mouffok a annoncé "la création prochaine de l'Agence nationale sanitaire des aliments qui se chargera de la mise en place du management et du contrôle de la qualité des aliments, et d'un réseau d'alerte placé sous tutelle du ministère du Commerce". Soulignant que les intoxications alimentaires "affectent tous les Etats y compris les pays développés", la même responsable a mis en avant l'importance d'impliquer tous les acteurs sur le terrain de différents secteurs en plus des médias et des associations de protection du consommateur en vue de faire face à ce phénomène, d'autant que "le citoyen ignore toujours les dangers qui en découlent et les dépenses qui pèsent sur le trésor public". Rappelant les différents facteurs notamment collectifs à l'origine de ces intoxications alimentaires, à l'instar de la mauvaise conservation des produits périssables tels que les viandes, et le non-respect des règles d'hygiène, Mme. Mouffok a cité également les eaux à hauteur de 6%, les confiseries (15%) et les œufs (15 %). La majorité des cas d'intoxication alimentaire enregistrés sont déplorés à l'occasion des fêtes de mariage et autres cérémonies, d'où l'importance de garder un échantillon des plats servis pour les soumettre aux analyses en cas d'urgence, a-t-elle ajouté. Elle a également cité le non-respect des instructions émanant du ministère de la Santé quant aux déclarations obligatoires, outre le manque de moyens et de coordination entre les différents laboratoires activant dans le domaine du contrôle qualité des aliments, et le faible recours des cas intoxiqués aux hôpitaux. Intervenant à cette occasion, Dr. Djamel Fourar a mis l'accent sur le volet hygiène, notamment le lavage des mains et des fruits et légumes. Il a fait état, à cet égard, de 4000 à 5000 cas d'intoxication enregistrés par le ministère de la Santé entre 2000 à 2015, un bilan en hausse durant les années 2017 et 2018 avec 10.000 cas/an recensés. Près de 1200 cas ont été enregistrés au cours des premiers mois de l'année 2019 et un décès enregistré dans la wilaya de Relizane. Le responsable a fait savoir, par ailleurs, que le taux de décès des suites d'intoxication a baissé grâce aux "campagnes de sensibilisation initiées par les pouvoirs publics", notant toutefois une augmentation des cas signalés. Afin de renforcer le contrôle sur les cours d'eau, notamment en période estivale, le directeur de la Prévention a fait état de mécanismes mis en place à cet effet en coordination avec le ministère de l'Intérieur, des collectivités locales et de l'aménagement du territoire au niveau de quatre wilayas, à savoir Alger, Blida, Bouira et Tipasa. Le même responsable a mis en garde contre la consommation de l'eau provenant de sources non soumises au contrôle.