Le vote pour les législatives en Tunisie a débuté, dimanche, à travers tout le territoire national dans une ambiance sereine sur fond toutefois de nombreux questionnements quant au taux de participation et au vainqueur final de cette joute électorale jugée importante dans l'échiquier politique du pays, font observer des analystes de la scène politique tunisienne. Le recul du taux de participation lors du premier tour de la présidentielle anticipée du 15 septembre (45 % contre 65 % en 2014) fait craindre aux autorités un taux d'abstention très élevé lors de ce nouveau rendez-vous électoral, d'autant plus que la campagne électorale pour les législatives a été plutôt tiède et "ignorée" par la majorité des Tunisiens, affirme-t-on. Le président tunisien par intérim, Mohamed Ennaceur, et le président de la Haute instance indépendante pour les élections (ISIE), Nabil Baffoun, ont appelé les électeurs à se rendre massivement aux urnes pour élire leurs représentants au Parlement considéré comme étant le centre effectif du pouvoir en Tunisie. Une Assemblée nationale constitutionnelle a été mise en place après la révolution du jasmin en 2011 pour rédiger la nouvelle loi fondamentale, promulguée en 2014. "La Tunisie qui est fière d'avoir réussi une transition rapide, s'apprête aujourd'hui à organiser des élections législatives et présidentielle dans un contexte de vifs désaccords politiques", a souligné vendredi le président Ennaceur dans une allocution télévisée. Pour sa part, Nabil Baffoun, président de l'ISIE, a appelé, dimanche, les Tunisiens à une participation massive au scrutin pour élire le deuxième parlement après 2011. "La catégorie de la jeunesse ayant boycotté le premier tour de la présidentielle doit se manifester en force à ce rendez-vous", a-t-il insisté. Le taux de participation des Tunisiens résidant à l'étranger dont le vote pour les législatives a débuté, vendredi, était jusqu'à samedi à 14h très faible ne dépassant pas les 4,6%. Pour ce qui est des résultats dudit rendez-vous, force est de constater qu'un flou total caractérise ces derniers, tant aucune formation politique n'est donnée vraiment favorite. Les formations habituées de ....s'emparer de cette joute électorale, à savoir le parti d'Ennahda et Nidaa Tounes sont loin de susciter, cette fois-ci, l'adhésion des Tunisiens. Les sondages effectués jusqu'ici ne les donnent pas favorites de même pour les partis réputés pour être modérés. Les observateurs de la scène politique tunisienne s'attendent à ce propos à une surprise similaire à celle du premier tour de la présidentielle lors duquel les candidats qualifiés jusqu'à la dernière minute de second plan sont arrivés en tête du scrutin. Les raisons plaidant pour ce scénario, ne manquent pas, selon les analystes. L'envie de rompre avec les anciennes figures ayant "échoué" de garantir une meilleure vie pour les Tunisiens et le désir de voir des candidats "réalistes" et proches des préoccupations tunisiennes, au pouvoir, animent encore les Tunisiens lesquels sont toujours en attente de voir les objectifs de la révolution du jasmin atteints. "Le taux de chômage en Tunisie est toujours élevé. La cherté de la vie et l'inflation ont atteint aussi des pics sans précédents. La Tunisie n'est pas encore à l'abri des menaces terroristes endeuillant à chaque fois des familles entières", souligne-t-on de mêmes sources. 217 sièges à pourvoir, plus de1500 listes en lice Les bureaux de vote ont ouvert leurs portes, dimanche matin, pour les législatives lors desquelles les électeurs auront à renouveler les députés de l'Assemblée des représentants du peuple (ARP, Parlement), une semaine avant le second tour de la présidentielle fixé pour le 13 octobre. Quelque sept millions d'électeurs, dont 1885000 nouveaux inscrits, sont appelés aux urnes jusqu'à 18H00 (17H00 GMT). Les bureaux de vote ont ouvert leurs portes à 8h00 locale, après que les Tunisiens de l'étranger ont commencé à voter dès vendredi, et samedi à 14h. Ces derniers continuent à voter aussi dimanche. Plus de 15 000 candidats représentant plus de 1500 listes, entre partisanes, indépendantes et de coalition se disputent 217 sièges, dans un Parlement jusque-là dominé par le parti d'Ennahdha, qui avait fait alliance avec le principal parti du centre, Nidaa Tounes. Les résultats préliminaires seront proclamés le 10 octobre, alors que les résultats définitifs seront proclamés le 13 novembre par l'instance supérieure indépendante des élections (ISIE). Pour rappel, la campagne électorale pour les législatives, les troisièmes du genre depuis la révolution du jasmin en 2011, s'est prolongée sur 21 jours dans une ambiance tiède. Son démarrage le 14 septembre dernier a coïncidé avec le jour du silence électoral pour l'élection présidentielle dans son premier tour. Les législatives se tiennent en outre sous haute sécurité. "Le ministère de l'Intérieur a fourni tous les moyens matériels et logistiques nécessaires pour réussir cette échéance nationale majeure", a déclaré dimanche le porte-parole du département Khaled Hayouni.