Les athlètes algériens qualifiés aux Jeux Paralympiques (JP) de Tokyo, initialement prévus du 25 août au 6 septembre 2020 mais finalement reportés en raison du coronavirus, sont partagés sur cette décision entre déception et soulagement. Sollicité par l'APS pour s'exprimer sur le report des JP (tout comme les JO), le champion paralympique Abdellatif Baka n'approuve pas totalement cette décision "qui ne devrait pas arranger les athlètes qualifiés du point de vue sportif". "De toute évidence, pour les décideurs, la santé de tout le monde passe avant tout et la protection de nos vies est leur plus grande priorité en ce moment", a admis Baka, mais en tant qu'athlète d'élite, "c'est très démotivant et mentalement difficile de voir ces JP reportés d'une année". Le vice-champion du monde-2019 est formel : "Je suis une personne très positive dans ma vie, mais l'idée, en ce moment, de devoir me consacrer à une autre année de travail dur est très difficile à accepter". "J'aurais souhaité, par exemple, qu'on retarde l'événement à novembre ou décembre prochains. Reporter ces Jeux ne signifie pas seulement une année d'entraînement physique, mais surtout une année de plus de maintien de la motivation et d'une concentration maximale", a regretté Abdellatif Baka, ajoutant que les athlètes qui avaient à gérer quatre mois de grande pression pré-JP, sont "gratifiés" de douze mois de plus. Sa compatriote et championne paralympique en titre du disque, Nassima Saïfi n'est pas du même avis : "Ce report me fait du bien et vient à point nommé, car moralement je suis affectée à cause de ce virus qui m'a contrainte au confinement à la maison, donc je suis à l'arrêt depuis longtemps et pas prête à la compétition". Mohamed Berrahal, autre athlète concerné par les Paralympiques, partage le même avis que sa coéquipière en équipe nationale, jugeant ce report "rassurant". "La vie humaine est précieuse et plus importante que tout autre chose. Le report des Jeux est une très bonne nouvelle qui soulage le monde du sport", s'est réjoui Berrahal, espérant que les choses s'amélioreront d'"ici le mois prochain". "Pour nous athlètes, il est préférable que les JP se déroulent à une date proche et qu'ils soient une fête internationale lors de laquelle on célébrera la victoire contre cette pandémie", a-t-il encore souhaité. Mais même si le report va être de plusieurs mois, cela ne doit pas, de l'avis du sociétaire du GS Pétroliers, "affecter les athlètes. Au contraire, il va leur donner plus de temps pour se préparer avec cette fois un programme consistant comprenant plusieurs meetings internationaux". De leur côté, le powerlifter Hocine Bettir, lui aussi qualifié aux JP, et son entraîneur Mohamed Benatta, ont approuvé le report qui les a soulagés. "On est pour le report, surtout que nous étions à l'arrêt depuis presque huit mois en raison du manque accrue de moyens financiers à la fédération. En plus de la préservation des vies humaines, ce report va nous donner plus de temps pour nous préparer dans la sérénité", se sont accordés à dire le coach et son athlète. Néanmoins, les deux hommes espèrent que la nouvelle date des JP n'ira pas au-delà des premiers mois de l'année 2021, pour "permettre aux athlètes qualifiés de maintenir la forme". Ce qui est sûr, c'est que les régimes d'entraînement des athlètes (valides et handicapés) doivent être réécrits et les performances de pointe reprogrammées. Pour certains, cela signifie attendre un peu plus longtemps pour signer leurs débuts olympiques ou paralympiques, pour d'autres, retarder la retraite d'une année.