Des titres de la presse nationale, parus jeudi, ont dénoncé une campagne haineuse et violente contre l'Algérie et ses institutions, suite à la diffusion mardi par des chaînes de télévision publiques françaises d'un documentaire sur le Hirak, ce mouvement populaire pour une nouvelle République. Plusieurs quotidiens ont consacré des espaces importants à des articles, commentaires et réactions de professionnels de médias algériens à ce documentaire diffusé par France 5 et LCP, et qui a suscité l'indignation et la colère des lgériens. "Le voile commence à se lever sur le néo-hirak de la déstabilisation programmée et des ingérences étrangères jamais démenties et fondamentalement rejetées par le mouvement pacifique originel", a écrit le quotidien El-Moudjahid dans son éditorial, estimant que "la présence de parlementaires français pendant les marches populaires et la montée au créneau du Parlement européen, au moment où l'Algérie s'apprêtait à se rendre aux urnes du retour à la stabilité et à la légitimité démocratique, montrent clairement la volonté d'instrumentalisation du Hirak, pour promouvoir un agenda du chaos dramatique vécu par les victimes du +printemps arabe+ des dérives sanglantes". Le journal a souligné que "la campagne haineuse et violente, amplifiée en temps de Covid-19, cible les institutions nationales, particulièrement l'ANP, mobilisée dans le rôle majeur d'accompagnement et de protection du mouvement citoyen, de restauration de la légitimité populaire et constitutionnelle, et de règlement de la crise sanitaire". "Vive polémique sur les réseaux sociaux", a écrit le quotidien francophone El Watan, qui a relevé que les commentaires des Algériens étaient "hostiles" après la diffusion du film réalisé par Mustapha Kessous, journaliste au Monde. Il a relevé que l'angle choisi par son réalisateur pour raconter une séquence exceptionnelle de l'Algérie a fortement déplu, notant l'existence de "trop de clichés qui ne rendent pas compte des revendications fondamentales des Algériens sortis le 22 février 2019". Sur son site internet, le quotidien Le Jeune Indépendant a écrit qu'"aujourd'hui, la plupart des médias dans la métropole ne veulent voir de l'arabe que cette image d'être tourmenté par sa libido même s'il s'ingénie à afficher une tête moderne, un discours sain et une vision de changement au service des hommes et de l'humanité". Pour lui, la chaîne de télévision France 5 participe justement au maintien de cette "posture devenue une litanie creuse à travers un reportage qui renferme l'Algérien dans des errements pulsionnels". "Les laudateurs du modèle civilisationnel judéo-chrétien, quelle que soit l'obédience, savent fourguer à la plèbe occidentale, souvent sur commande, livres, chroniques ou reportages qui entretiennent cette vision étriquée et forcement dégradante de la réalité de l'arabe d'aujourd'hui", a-t-il écrit. Il a ajouté que l'image que les médias européens renvoient aujourd'hui avec des complicités manipulées ou consentantes, n'est rien d'autre que "le reflet pitoyable de cet état d'esprit étroit et raciste jadis nourris par les cerveaux troubles du second empire", avant de conclure que "ce qui compte aujourd'hui est le regard que nous portons sur nous-mêmes, celui qui constitue le fondement de ce que nous sommes actuellement et de ce que nous aspirons à devenir. C'est cette vision qui doit jalonner notre effort collectif de reconstruction du pays, de sa renaissance, de son essor vers cet Etat rassembleur et juste", a écrit le Jeune Indépendant, précisant qu'"il s'agit d'un projet ardemment souhaité par un peuple éprouvé par des crises successives et engagé à l'unisson sur ce chemin de l'instauration de sa propre vision sans se soucier de la cécité ou du paternalisme des hobereaux des plateaux de télévisions à Paris ou ailleurs.". Le quotidien El-Khabar arabophone a ,quant à lui, mis en avant "la vive colère" des Algériens "choqués et outrés" par ce qui a été diffusé par la chaîne publique France 5, comportant de "graves dépassements" contre la Révolution du peuple algérien et de la majorité écrasante des Algériens. El-Khabar a souligné qu'après la diffusion du reportage beaucoup se sont interrogés: "comment une chaine qui se respecte accepte de diffuser ces mensonges et fumisteries?", qualifiant cela de "nouveau dérapage des médias français". De son côté, le quotidien Echourouk (arabophone) a mis en exergue la réaction des Algériens à travers les réseaux sociaux au dit reportage, mettant en relief les différents appels et initiatives pour répondre à cette tentative de dénigrement. A ce sujet, les Algériens, rapporte le quotidien, ont lancé un compte sur les réseaux sociaux "Hirak France 5 ne me représente pas", appelant les Français à réaliser des reportages sur les gilets jaunes. Il a également rapporté les propos de "facebookers" qui estiment que les jeunes interviewés dans ce documentaire sont loin de représenter société algérienne et encore moins les aspirations des Algériens. "La montagne a accouché d'une souris", a écrit pour sa part, le quotidien arabophone Echaab dans son éditorial qui a relevé que la réaction des Algériens à ce documentaire est tout à fait le contraire de ce qu'attendaient les planificateurs derrière ces chaînes France 5, LCP (chaîne parlementaire) et France 24. Il a estimé que malgré la campagne qui a duré deux semaines, à travers les médias lourds, écrits et réseaux sociaux, pour attirer les téléspectateurs afin d'arriver au but escompté, sauf que celle-ci n'a apporté que la colère et l'indignation des Algériens qui estiment que ce documentaire vise le hirak et son Etat.