C'est dans une ambiance empreinte tant de tristesse que de fierté qu'un hommage à titre posthume a été rendu, jeudi à Alger, à l'ex-présidente de l'association Iqra Aicha Barki et à des membres du secteur de la santé décédés dans le cadre de la lutte contre la pandémie du Coronavirus (Covid-19). Emus et toujours affectés, des membres des familles des défunts ont eu du mal à exprimer leurs impressions et leurs témoignages, dans "la mesure où la plaie de la douleur et du chagrin ne s'est pas encore cicatrisée", pour reprendre leurs expressions respectives. C'est le cas de Mohamed-Laid Boudissa, père de la défunte Wafa Boudissa, qui exerçait en tant que médecin à l'hôpital de Ras El Oued (Bordj Bou Arréridj). "Hier, ma petite fille de deux ans a pris mon téléphone portable pour appeler sa maman et lui dire qu'elle lui manquait", a-t-il témoigné avant de se retirer pour éclater en sanglots. Quelques instants plus tard, il revient pour présenter ses excuses et lancer : "croyez-moi, c'est douloureux et affligeant de perdre sa fille alors qu'elle n'avait que 28 ans et était, de surcroît, en plus enceinte". Même émotion chez la veuve et la fille de l'ambulancier de l'hôpital Frantz-Fanion de Boufarik (Blida), Djamel Talhi. Faisant preuve de courage, sa fille Yasmine (25 ans) a évoqué son père avec "fierté". "Il était un père exemplaire pour moi, car il s'est toujours montré altruiste. En ce sens, c'es tout le personnel de l'hôpital qui l'estimait", a témoigné Yasmine, qui exerce au sein de l'administration de l'hôpital Frantz-Fanon. La veuve du défunt, Lila Talhi, a considéré que son mari est mort "en martyr et au service de l'Algérie", relevant que "c'est un hommage réconfortant certes, mais j'ai du mal à convaincre mes enfants que leur père est parti pour ne plus revenir", a-t-elle encore témoigné, les larmes aux yeux. Nadir et Younes, deux fils du défunt professeur Si Ahmed El Mahdi, chef de service de chirurgie générale à l'hôpital de Boufarik, se sont dit également "fiers" de leur père qui est "mort au service de l'Algérie". "Je garde le souvenir d'un père patriote qui a servi l'Algérie et la santé pendant 45 ans. Il savait qu'il était atteint du Coronavirus, mais malgré cela il avait continué à exercer son métier", raconte Nadir. Il me disait constamment qu'il ne pouvait pas abandonner ses malades qui ont besoin de sa présence. Quant à Samir, fils de l'ex-présidente de l'Association Iqra Aicha Barki, il considère que sa mère demeurera un exemple de "courage, d'abnégation et de persévérance", rappelant qu'elle a mené "une lutte sans merci contre l'analphabétisme pendant trois décennies".Il s'est dit aussi "fier" et "honoré" par cet hommage à sa défunte mère dont l"'œuvre et la mission doivent être poursuivies". Pour rappel, le Premier ministre Abdelaziz Djerad a décerné, au nom du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, des ordres de mérite du rang Achir à titre posthume à Aicha Barki, aux membres des familles du médecin Wafa Boudissa qui exerçait à l'hôpital de Ras El Oued (Bordj Bou arréridj), aux deux fils du défunt professeur Si Ahmed El Mahdi et à la veuve de l'ambulancier Djamel Talhi qui exerçaient à l'hôpital Frantz-Fanion de Boufarik (Blida).