La Communauté des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) a insisté vendredi, lors de l'ouverture du sommet extraordinaire consacré au Mali, sur le retour à l'ordre constitutionnel, après le coup de force des militaires mutins qui ont contraint le président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) à la démission. "Si nous pouvons considérer que la question de la libération d'IBK est résolue, il n'en est pas de même pour celle du retour à l'ordre constitutionnel qui suppose que tous les militaires regagnent les casernes", a affirmé à Niamey le président nigérien Mahamadou Issoufou, également président en exercice de la Cédéao lors de son discours d'ouverture du sommet en visioconférence. "La junte se propose de garder le pouvoir pour trois ans afin dit-elle de restaurer les institutions étatiques sur une base garantissant leur stabilité", a poursuivi M. Issoufou. "Autrement dit, elle refuse de regagner les casernes alors que le pays est en guerre, ce qui exige, plus que jamais, que l'armée se concentre sur sa mission traditionnelle, surtout que l'ennemi fourbit ses armes et cherche à exploiter le vide institutionnel", a estimé le président nigérien. Les chefs d'Etat de la Cédéao avaient annoncé, le 20 août, dans la foulée du changement anticonstitutionnel au Mali, la fermeture des frontières des Etats membres de l'organisation avec le pays. Ils ont décidé l'arrêt de tous les flux financiers et commerciaux, sauf les produits de première nécessité ou de lutte contre la pandémie de Covid-19. La Cédéao devait réexaminer ces sanctions vendredi. "Pour un pays, le putschisme est une grave maladie. Pour en guérir, une seule ordonnance: les sanctions. Elle est certes amère, mais n'en est-il pas ainsi en médecine, pour beaucoup de maladies ? C'est ce que notre organisation commune a compris lors de sa visioconférence du 20 août 2020", a rappelé le président Issoufou. Ce sommet, prévu initialement mercredi, a été reporté pour permettre aux dirigeants ouest-africains de "mieux étudier" le rapport du médiateur, Jonathan Goodluck, après les discussions "intenses" qu'il a eues avec les militaires mutins, auteurs du changement anticonstitutionnel ayant conduit la semaine dernière au départ forcé du président Ibrahim Boubacar Keita, avait expliqué mercredi le ministère malien des Affaires étrangères et de la Coopération étrangère. Ce sommet intervient après trois rounds de négociations conduits par la mission de médiation de la Cédéao, dirigée par l'ancien président nigérian Jonathan Goodluck dans la capitale malienne avec les militaires mutins. Les négociations achoppent toujours sur la durée de la transition et la personnalité qui dirigera le pays durant cette étape.