Alors que le président malien Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) a été arrêté mardi par des soldats qui se sont mutinés près de Bamako, les premières réactions internationales appelant à l'apaisement et au maintien de l'ordre constitutionnel ont été enregistrées. L'incident survenu près de Bamako après que des coups de feu aient été tirés en l'air dans la matinée par des soldats mécontents à l'intérieur du grand camp militaire de la ville-garnison de Kati s'est soldé par l'arrestation en fin d'après midi du Président IBK et son Premier ministre Boubou Cissé. Plusieurs personnalités seraient aux arrêts et la cité administrative ainsi que plusieurs autre lieux de travail sont fermés, selon des médias maliens. Des Etats et des organisations tel que la Communauté des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) ont condamné "vigoureusement la tentative en cours" au Mali, où "une mutinerie" est déclenchée mardi dans "un contexte sociopolitique déjà très complexe". "La Cédéao condamne vigoureusement la tentative en cours et prendra toutes les mesures et actions nécessaires à la restauration de l'ordre constitutionnel, par le rétablissement des institutions démocratiquement élues, conformément aux dispositions de son Protocole additionnel sur la Bonne Gouvernance et la Démocratie", a indiqué l'organisation intergouvernementale dans un communiqué. Lire aussi: La Cédéao condamne "vigoureusement" la tentative en cours au Mali La Cédéao a appelé "les militaires a regagner sans délai leurs casernes, en demandant a toutes les parties prenantes maliennes de privilégier le dialogue pour résoudre la crise que traverse leur pays". Et a dit suivre avec "une grande préoccupation les développements en cours au Mali depuis la matinée de ce 18 août 2020". "Cette mutinerie intervient, alors que depuis plusieurs mois, la Cédéao entreprend des initiatives et déploie des efforts de médiation entre toutes les parties maliennes", a rappelé l'organisation. Dans son communiqué, la Cédéao a également rappelé sa "ferme opposition à tout changement politique anticonstitutionnel" et "invité les militaires à demeurer dans une posture républicaine", réitérant sa disponibilité, en rapport avec les Nations unies, l'Union africaine, l'Union européenne et tous les partenaires multilatéraux et bilatéraux du Mali, de continuer à accompagner les parties prenantes maliennes dans leurs efforts pour résoudre la crise". Des appels au maintien de l'ordre constitutionnel La France "condamne avec la plus grande fermeté la mutinerie engagée" au Mali dans une garnison proche de Bamako, a réagi mardi le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, en appelant les militaires à "regagner sans délai leurs casernes". "La France a pris connaissance avec inquiétude de la mutinerie qui s'est engagée aujourd'hui à Kati au Mali", à une quinzaine de kilomètres de Bamako, et "condamne avec la plus grande fermeté cet événement grave", a souligné le ministre des Affaires étrangères dans un communiqué. Paris "partage pleinement la position exprimée par la communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) (...) "qui appelle au maintien de l'ordre constitutionnel et exhorte les militaires à regagner sans délai leurs casernes", a-t-il ajouté. "La France réaffirme avec force son plein attachement à la souveraineté et à la démocratie maliennes" et "les autorités françaises au plus haut niveau restent très attentives à l'évolution de la situation au Mali", a insisté M. Le Drian. Le président français Emmanuel Macron s'est entretenu quant à lui de la crise qui s'est déclenchée dans ce pays avec ses homologues nigérien Mahamadou Issoufou, ivoirien Alassane Ouattara et sénégalais Macky Sall. Lire aussi: Mali: le président Keita arrêté par des soldats en révolte Les Etats-Unis ont exprimé leur "opposition à tout changement de gouvernement en dehors du cadre légal au Mali, y compris par l'armée. Les Etats Unis s'opposent à tout changement extraconstitutionnel de gouvernement, que ce soit par ceux qui sont dans la rue ou par les forces de défense et de sécurité" a insisté l'émissaire américain pour le Sahel, Peter Pham. De leur côté, les représentations diplomatiques recommandent à leurs ressortissants de rester à la maison. La section sécurité de la Minusma a quant à elle diffusé un message recommandant au personnel des Nations unies "d'éviter la zone de Kati et tous mouvements routiers non nécessaires à Bamako jusqu'à nouvel ordre". Pour rappel, des soldats ont tiré des coups de feu en l'air mardi dans le grand camp militaire de la ville-garnison de Kati et ont saccagé les magasins d'armes pour manifester leur mécontentement à la hiérarchie militaire", réclamant leur prime, rapporte le site Malijet, citant des témoins. Le gouvernement malien quant à lui a demandé aux militaires qui ont pris mardi le contrôle d'une garnison dans la banlieue de Bamako de "faire taire les armes", se disant prêt à engager avec eux un "dialogue fraternel afin de lever tous les malentendus", a indiqué dans un communiqué le Premier ministre Boubou Cissé.