L'audience du matin du procès en appel du jugement de première instance prononcé contre les accusés poursuivis dans l'affaire de la société des médicaments "GB Pharma" a été consacrée à l'audition des anciens Premiers ministres, Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal. Lors de son audition par la présidente de la séance, Ouyahia a nié les chefs d'inculpation d'abus de fonction et d'octroi d'indus avantages au profit du propriétaire du projet de l'usine de fabrication des médicaments "GB Pharma", filiale du Groupe Benhamadi (titulaire du capital du projet). "C'est le Conseil national de l'investissement (CNI) qui a accordé l'agrément en 2011 ainsi que des incitations conformément au Code de l'investissement et non le Premier ministre Ouyahia", a réaffirme Ouyahia expliquant que l'Etat s'employait, à l'époque, à encourager la fabrication de médicaments en vue de réduire la facture d'importation qui coûtait au Trésor public plus de (01) un milliard Da/an". L'ancien ministre de la Poste et des Technologies, Moussa Benhamadi, décédé en juillet dernier avait dirigé ce projet depuis 2013 après avoir quitté le Gouvernement, a-t-il rappelé. "Tous les avantages" (lot de terrain et crédits bancaires) ont été accordés durant une période où il n'occupait pas le poste de Premier ministre (du 2012 au 2017)", a précisé Ouyahia ajoutant que "plus de 17 dossiers de projets de fabrication des médicaments ont bénéficié d'avantages durant cette période dont GB Pharma". S'agissant de la limitation de "GB Pharma" à l'importation au lieu de la fabrication, l'accusé a fait observer que le suivi des projets en cas d'anomalie relevait des prérogatives de l'agence nationale du développement industriel (ANDI). "GB Pharma" devait fabriquer 16 millions d'unités et employer pas moins de 100 personnes. De son côté, Sellal a nié toutes les charges retenues contre lui , affirmant que l'octroi au propriétaire du projet "GB PHARMA" d'un lot de terrain à Sidi Abdallah s'était effectué en juin 2012 alors qu'il a été nommé en tant que Premier ministre en septembre de la même année. S'agissant de la contribution du Groupe Condor au financement occulte de la campagne électorale de l'ancien président Abdelaziz Bouteflika pour la présidentielle annulée du 4 avril 2019, Sellal qui était directeur de campagne a affirmé que son rôle était "purement administratif" et que sa mission consistait en "l'explication du programme du candidat". Et d'ajouter qu'après l'ouverture de deux comptes bancaires en faveur de la campagne, la mission de gestion de ces fonds a été confiée au défunt Chaid Mahmoud. Lire aussi : Cour d'Alger: début du procès en appel dans l'affaire "GB Pharma" Interrogé dans la même affaire, l'ex ministre, Abdelghani Zaalane qui a remplacé Sellal à la tête de la direction de campagne de Bouteflika, a nié avoir consulté les deux comptes bancaires, ajoutant que son rôle consistait en l'application du programme à travers tout le territoire national. "Après avoir été chargé de cette mission, je n'ai reçu aucun don de n'importe quelle partie et je ne sais rien à propos des 31 mds centimes restants suite à la fermeture des deux comptes et à la démission de Bouteflika", a-t-il plaidé. Fin novembre dernier, le tribunal de Sidi M'hamed (Alger) avait prononcé dans cette affaire une peine de 5 ans de prison ferme à l'encontre de Ouyahia et Sellal, et acquitté l'ancien ministre des Transports et des Travaux publics, Abdelghani Zaâlane. Ouyahia et Sellal sont accusés d'octroi de privilèges injustifiés au Groupe Condor et à ses filiales, dont des facilitations pour la réalisation d'une usine de fabrication de médicaments ''GB Pharma". Le Groupe Condor avait bénéficié auprès de Ouyahia et de Sellal de facilitations jugées illégales pour la réalisation d'un centre pour brûlés à Skikda par la société "Travocovia", une des filiales de ce groupe, ainsi que d'interventions lors de la passation de marchés avec l'opérateur public de téléphonie mobile Mobilis pour l'acquisition de téléphones portables et de tablettes auprès du groupe Condor. Les frères Benhamadi sont également poursuivis pour participation au financement de la campagne électorale de l'ex Président Bouteflika, à travers un compte bancaire ouvert spécialement pour recueillir les apports financiers de parties sans aucun lien avec l'élection.