La pandémie de la Covid-19 a induit une décroissance démographique en 2020 dans la capitale de L'Est, qui, contrairement à la courbe exponentielle observée les dernières années, a plutôt connu un recul des naissances avec, en toile de fond, une baisse des mariages. L'onde de choc induite par la Covid-19 a en effet entrainé une diminution, l'année dernière, du nombre des nouveaux nés à Constantine de près de 2.200 par rapport à l'année 2019, a affirmé à l'APS Hilal Bouderbala, directeur de la Réglementation et des Affaires générales (DRAG) de la commune de Constantine. Les services de l'état civil du chef-lieu de wilaya ont enregistré en 2020 un total de 26.224 nouveaux nés à Constantine, dont 12 756 filles et 13 295 garçons contre 28 416 nouveau-nés en 2019 (13 749 filles et 14 661 garçons). "Avant la pandémie de la Covid-19, les naissances étaient constamment en hausse ces dernières années contrairement à 2020 où les services de l'état civil ont enregistré un recul des chiffres des nouveaux nés", a-t-il renchéri, imputant notamment ce déclin aux répercussions de l'épidémie de coronavirus sur le quotidien des Constantinois. Un constat similaire a été fait s'agissant les actes de mariage délivrés en 2020 qui s'élèvent à 2.991, contre 3.970 délivrés au cours de l'exercice 2019, relève la même source, rappelant la suspension temporaire de la délivrance des actes de mariages visant à mettre un terme aux fêtes de mariages et aux regroupements familiaux pour lutter contre la propagation du coronavirus décidée par les hautes autorités du pays. Lire aussi: Réception prochaine d'un don de 200.000 doses du vaccin chinois Sinophar Autre paramètre invoqué par M. Bouderbala, la "diminution des évacuations et des transferts" des parturientes vers le centre hospitalo-universitaire Dr. Benbadis (CHUC) à partir des wilayas voisines qui a impacté, selon lui, le nombre des naissances consignées dans les registres de l'état civil de la ville de Constantine, la commune-mère vers laquelle converge la majorité des citoyens de la wilaya et même ceux des wilayas limitrophes. Un constat corroboré par le directeur local de la santé (DSP), Mohamed Adil Daâs, qui a fait état d'une diminution du nombre des évacuations des femmes enceintes des autres wilayas vers les établissements sanitaires de Constantine depuis l'apparition de la pandémie de la Covid-19. "La Covid-19 a démontré que certaines wilayas comme Mila et Oum El Bouaghi disposent des capacités et des ressources humaines pour la prise en charge des parturientes au niveau de leurs propres structures sanitaires", a souligné M. Daâs. Il a précisé que "pendant plusieurs années, Constantine a eu à gérer un nombre considérable de transferts abusifs, des autres wilayas, de parturientes dont l'état de santé n'est nullement préoccupant". "Depuis l'émergence de l'épidémie de la Covid-19, nous accueillons exclusivement les prégnantes originaires de la wilaya de Constantine, exception faite pour quelques femmes de Jijel et Khenchela nécessitant une prise en charge et une assistance médicale pointues", a-t-il précisé. Rush sur le privé Au plus fort de l'épidémie, nécessitant la mise en place d'une batterie de mesures préventives strictes et des confinements reconductibles, la peur générée par cette maladie a incité les citoyens à déserter les établissements de santé publique et à opter davantage pour les structures de santé de proximité ou les cliniques privées, a souligné M. Daâs. "Pour de nombreux citoyens, le CHUC était devenu synonyme de foyer potentiel de la Covid-19 du fait d'abriter plusieurs unités dédiées à cette maladie très contagieuse, au point où même le service des urgences était vide par moments, à contrario des cliniques privées qui devaient faire face au rush de nombreuses femmes enceintes", a relevé la même source. Un choix motivé, estime-t-il, par les conventions signées entre la CNAS et certaines cliniques privées dans le cadre du décret exécutif 20-60 du 24 mars 2020, définissant la convention-type conclue entre les organismes de sécurité sociale et les établissements hospitaliers privés (EHP) concernant la prise en charge des accouchements. Nombreuses à proposer des prestations en gynécologie-obstétrique, en sus de conditions de prise en charge jugées adéquates, les cliniques privées de Constantine ont ainsi eu le vent en poupe durant la pandémie de Covid-19, drainant un nombre important de parturientes au regard de la hausse du nombre de naissances enregistrées en 2020 par ces structures. "L'année dernière, notre établissement a recensé 1.577 naissances vivantes multipliant pratiquement par deux le nombre des nourrissons mis au monde par voie basse ou par césarienne, en comparaison avec l'année 2019", a indiqué à l'APS Sihem Goumeidane, maitresse sage-femme exerçant à la clinique médico-chirurgicale Boukerrou, au chef-lieu de wilaya. Attribuant cette hausse à "l'appréhension de certaines femmes d'accoucher au CHUC par crainte d'une contamination par le coronavirus", cette sage-femme estime par ailleurs que "les mesures d'hygiène strictes, le port obligatoire de la bavette par les parturientes jusqu'à leur sortie et l'interdiction des visites à ce jour, ont prémuni le personnel soignant de la clinique contre la Covid-19 et rassuré les patients". Autre incidence du coronavirus sur la vie des citoyens, dont le quotidien a été profondément marqué par les nombreuses mesures préventives visant à briser la chaine de contamination par le coronavirus, l'endeuillement de nombreuses familles constantinoises dont plusieurs membres ont été parfois contaminés par le virus.