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Constantine/Covid-19 : entre sacrifice des uns et déni des autres
Publié dans Algérie Presse Service le 10 - 06 - 2020

Exponentielle au début, la courbe de contamination au Covid-19 à Constantine a viré à un état sinusoïdal pour enfin s'aplatir en amorçant une tendance baissière grâce à l'engagement de l'Etat et au sacrifice du personnel soignant, mais néanmoins certains Constantinois réfractaires par leur indiscipline voire leur déni de la maladie risquent de catalyser la longévité de la pandémie.
Figurant dans le top cinq des wilayas les plus touchées avec près de 500 cas et 23 décès, Constantine se ''stabilise'' depuis quelques jours, et ce à la faveur de mesures coercitives et préventives, notamment le port obligatoire de la bavette, initié le 7 mai dernier, ou encore l'interdiction temporaire des ballades dans les forêts récréatives de la ville.
Toute cette batterie de mesures a participé à stabiliser la situation, qui "connait même une diminution du nombre de contamination constatée depuis le deuxième jour de l'Aïd El Fitr'', a affirmé le directeur de la Santé de Constantine, Adil Daâs, réitérant ''la nécessité de rester vigilant afin que la courbe des cas de Covid-19 ne reparte pas à la hausse avec l'amorce du déconfinement''.
Imputant le recul des nouveaux cas de Covid-19 dans la wilaya aux "mesures engagées par les autorités compétentes, le travail de proximité et de traçabilité des malades et des sujets contact, mais aussi à une certaine prise de conscience des citoyens'', M. Daâs a relevé également le "sacrifice consenti par le personnel soignant", en première ligne dans la lutte contre le Covid-19 depuis l'apparition du premier cas à Constantine le 22 mars dernier.
"Environ 300 personnes, entre médecins, paramédicaux, aide soignants, agents d'entretien et de sécurité sont mobilisés depuis plus de deux mois dans les unités Covid des trois (3) hôpitaux référents désignés à Constantine pour prendre en charge les patients contaminés par le nouveau coronavirus'', a indiqué le responsable.
Et d'ajouter : "Certains soignants ne sont pas rentrés chez eux et n'ont pas vu leur enfants et leur famille depuis plusieurs semaines de peur de les contaminer'', d'où l'importance du "maintien des mesures barrières après le déconfinement et la reprise normale des activités commerciale et économique, d'autant que s'il y a une prise de conscience au sein de la population, certains citoyens ne croient toujours pas à l'existence du coronavirus''.
En dépit des difficultés, 257 malades sont guéris du Covid-19 à Constantine depuis le début de l'épidémie à ce jour, redonnant "une lueur d'espoir'' et du baume au cœur du personnel soignant qui mène un combat continu contre le SARS-coV-2, s'est-t-il félicité.
Le Covid-19 n'est pas une maladie honteuse
Après une hospitalisation et un suivi médical de 10 jours, le célèbre comédien Hakim Dekkar fait partie des malades guéris du Covid-19, lui qui œuvrait, avec d'autres artistes du théâtre régional de Constantine, à sensibiliser la population sur l'existence de la maladie et la nécessité de s'en prémunir, dès le début de l'épidémie.
Saluant ''l'engagement et la mobilisation du corps médical à toute heure de la journée et la nuit'', le comédien a raconté à l'APS son expérience ''étrange'' avec cette maladie, perçue selon lui comme "une maladie honteuse'' par bon nombre de citoyens, au moment où d'autres nient son existence.
"J'ai été admis à l'hôpital El Bir la veille de l'Aïd El Fitr, après avoir souffert de courbatures, des maux de tête, une perte du goût et de diarrhée'', confie-t-il, faisant état d'un ''sentiment très étrange de se retrouver à l'hôpital en compagnie de beaucoup d'autres malades contaminés par le coronavirus, alors qu'il y a des gens convaincus qu'il n'en est rien''.
Et de poursuivre : "J'ai quitté l'hôpital le 3 juin après avoir terminé le protocole thérapeutique, et je reste pour l'heure confiné chez moi pendant 14 jours à l'issue desquels je vais raconter mon expérience avec le Covid-19 et sensibiliser les citoyens sur la nécessité de respecter les mesures barrières.
Selon Hakim Dekkar, si tous les malades guéris du Covid-19 s'épanchent sur leur maladie, parlent de leurs symptômes et leur souffrance, au lieu d'en faire "un secret tabou'', les gens arrêteront de douter de l'existence de la maladie, et se départiront de leur déni qui annihile les actions de prévention menées pour lutter contre ce virus et nourrit l'incivisme et l'inconscience au sein de la population.
L'ampleur de l'épidémie limitée par le confinement
Médecin épidémiologiste au CHU Benbadis de Constantine, le Pr Djamel Zoughailech, considère, pour sa part, que ''l'ampleur de l'épidémie a été limitée par le confinement et particulièrement l'arrêt des transports'', rappelant toutefois, que ''la virulence du SARS-CoV-2, sa rapidité de réplication et sa forte transmissibilité, surtout par des personnes asymptomatiques, restent une préoccupation majeure''.
Mettant l'accent, en ce sens, sur ''l'importance de la communication qui représente un élément stratégique indispensable pour susciter l'adhésion de la population et particulièrement celle de certaines zones urbaines densement peuplées'', le spécialiste a relevé que les gestes barrières et le port du masque commencent à faire partie du quotidien et des habitudes des Algériens, ''même si cela n'est pas toujours conforme aux bonnes pratiques et aux normes, et reste très insuffisant''.
Selon le Pr Zoughailech, ''il faut attacher une importance majeure au nombre de nouveaux cas confirmés par jour et à la recherche des cas contacts qui constituent des indicateurs essentiels de l'évolution de l'épidémie'', soulignant l'impérieuse nécessité d'accompagner le déconfinement par le renforcement des mesures de prévention (distanciation sociale, port obligatoire de masques) en sus de la surveillance épidémiologique des sujets contacts.
Approchée à l'entrée d'une pharmacie au centre-ville de Constantine, bavette collée au nez, Mme Amira G, enseignante d'anglais dans un CEM, est ''sortie pour la première fois depuis le début du confinement partiel à Constantine'', a-t-elle confié à l'APS.
Elle a également fait part de ses ''craintes'' de voir les cas d'infection repartir à la hausse suite au déconfinement surtout que ''beaucoup trop de personnes que j'ai croisées ne portent pas de bavette, continuent à s'embrasser et à ignorer la distanciation sociale''.


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