Les forces de sécurité marocaines ont réprimé dimanche à Casablanca une manifestation contre la vie chère et l'inaction du gouvernement à laquelle avait appelé la Confédération démocratique du travail (CDT, syndicat). Plusieurs milliers de personnes, venues des quatre coins du pays, ont répondu à l'appel de la CDT et se sont rassemblées dans le centre historique de la capitale économique, pour réclamer la hausse des salaires et la baisse des prix, scandant des slogans qui visaient le gouvernement. "Justice pour les travailleurs", "augmentation des salaires", "protection du système des retraites", ont notamment recordé les manifestants. Des bousculades et échauffourées ont éclaté avec les forces de l'ordre, disposées tout autour de la place pour réprimer cette manifestation, selon les médias. "C'est une honte, la subsistance des travailleurs est en danger", ont protesté les manifestants, presque tous vêtus de chasubles, brassards et casquettes jaunes, la couleur du CDT. "Comment les plus modestes peuvent-ils vivre" avec l'envolée des prix des aliments?, ont-ils lancé. Initialement, la CDT souhaitait organiser une marche nationale à Casablanca mais le défilé a été interdit par les autorités locales, a raconté Tarik Alaoui El Housseini, un membre du Conseil national du syndicat. "On s'en est tenu à un sit-in", a-t-il expliqué. "Nous sommes ici pour crier notre mécontentement contre l'envolée des prix et les attaques contre le pouvoir d'achat", a expliqué un membre de la CDT, Abdellah Lagbouri. La Fédération de la gauche démocrate et socialiste, qui a participé à la manifestation, a condamné avec force l'agression dont a été victime son secrétaire général, Abdeslam El-Aziz, de la part des forces de sécurité qui ont fait usage de "violence excessive". "Cette manifestation a enregistré des agressions et provocations de la Force publique envers les protestants", selon un communiqué du parti. Des vidéos publiées par plusieurs partis et instances ayant participé à ce rendez-vous ont montré les interventions musclées des forces de sécurité contre les manifestants, lesquels ne faisaient que crier leur ras-le-bol. Le parti de la Voie démocratique (Annahj Addimocrati) a également dénoncé le "blocus" imposé par les forces du Makhzen sur les manifestants. Plusieurs partis et organisations avaient appelé leurs militants et tous les Marocains à prendre part à ce rendez-vous, en signe de protestation contre les conditions dans lesquelles vit la classe ouvrière, soulignant que le fait de répondre à cet appel vient de la conviction que la lutte sur le terrain est l'arme de tous ceux qui sont touchés par les politiques discriminatoires adoptées par le régime du Makhzen. Le Maroc est confronté à une flambée des prix, en particulier des produits alimentaires, qui touche les ménages les plus modestes (+16,3% sur un an). La CDT dénonce "l'inaction du gouvernement qui n'a pas appliqué l'accord social conclu l'an dernier", selon Nadia Soubat, membre du bureau exécutif du syndicat. Dans le même sillage, le Front social marocain a annoncé l'organisation de plusieurs sit-in dans tout le territoire marocain, le 20 juin, pour commémorer le soulèvement du 20 juin 1981 à Casablanca, et protester contre la persistance des prix élevés. Le Front marocain, qui regroupe des dizaines de syndicats, d'associations de défense des droits de l'Homme et de partis politiques, a souligné dans un communiqué "la nécessité de promouvoir et de renforcer l'esprit d'unité et de lutte, pour la défense du peuple marocain, en mettant l'accent sur l'élargissement du cercle d'action et de lutte".