PETERSBOURG - Le président russe, Vladimir Poutine a mis l'accent, vendredi à Saint-Pétersbourg au deuxième jour des travaux du Sommet "Russie-Afrique", sur la solidarité existant entre les deux parties s'agissant de leur orientation vers un monde multipolaire, relevant que la promotion des échanges commerciaux exigeait "de traiter en monnaies nationales". Ces déclarations ont été faites lors d'une séance plénière tenue en présence du Premier ministre, M. Aïmene Benabderrahmane, qui représente le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune à ce Sommet. Dans son allocution, le président Poutine a assuré que la partie russe était disposée à œuvrer "pour l'avenir et l'établissement d'un partenariat stratégique mutuellement bénéfique. Nous établissons des relations avec chaque Etat africain dans le cadre d'un monde multipolaire", a ajouté le président russe mettant en avant l'importance de l'Initiative africaine visant à résoudre la crise en Ukraine. "Nous assistons à un moment fort où l'Afrique s'érige en nouveau centre de force. Son rôle politique et économique s'est grandement développé. Toutes les parties doivent prendre en considération cette réalité", a-t-il expliqué. Par ailleurs, le président Poutine a révélé que son pays avait proposé une initiative de coopération entre l'Union économique eurasiatique et la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), réaffirmant la disponibilité de la Russie à examiner des propositions sur l'élargissement de la représentation de l'Afrique au sein de l'Organisation des Nations Unies (ONU), y compris dans le cadre de la politique de réforme du Conseil de sécurité onusien. Il a estimé que le Sommet Russie-Afrique était une preuve que les deux parties ont une volonté de consolider leur coopération dans nombre de secteurs, ajoutant que les hommes d'affaires, les investisseurs et les entreprises russes aspirent à de nouveaux partenariats avec leurs homologues africains. Concernant la crise en Ukraine, M. Poutine a souligné que l'Initiative africaine de règlement est "importante car l'Afrique est disposée à résoudre les problèmes internationaux, et il ne s'agit pas d'une médiation de ce qu'on appelle le monde démocratique libre". Pour une plus large représentation de l'Afrique dans les instances onusiennes A son tour, le président des Iles Comores et président en exercice de l'Union africaine (UA), M. Azali Assoumani a affirmé que les Etats africains demeurent attachés au principe de non-ingérence dans les affaires internes du continent. "Nous demandons à certains de nos partenaires de ne pas s'immiscer dans nos affaires. Nous nous opposons aux changements non constitutionnels et nous rejoignons, à ce propos, la communauté internationale" a poursuivi le Président Azali, réitérant la dénonciation par l'UA des changements inconstitutionnels en cours au Niger. Evoquant les perspectives de coopération économique russo-africaine, M. Azali a mis l'accent sur l'importance d'associer les jeunes à la dynamique de partenariat et d'investissement entre les deux parties, notamment en matière de technologie numérique. Pour le président égyptien, M. Abdel Fattah Al-Sissi, les développements internationaux et leurs répercussions exigent la présence d'une voix africaine "influente et entendue" dans les fora internationaux, espérant voir "les revendications africaines dans le cadre du G20 et les efforts pour la réforme des institutions financières internationales appuyés et soutenus par le partenaire et ami russe". Il a, à cet égard, relevé l'importance de trouver des solutions d'urgence pour assurer les aliments et les engrais à des prix adéquats pour le continent africain, tout en explorant des mécanismes innovants de financement qui y renforcent les systèmes agricoles et alimentaires. M. Al-Sissi a aussi souligné l'impératif de tenir compte des besoins des pays en voie de développement notamment les Etats africains, eu égard aux retombées des conflits et des défis de l'heure, à l'instar de la sécurité alimentaire, des chaines d'approvisionnement et de la hausse des prix de l'énergie. A propos du Sommet actuel, le président égyptien a mis en avant les larges perspectives de partenariat offertes entre les deux parties, susceptibles de renforcer la paix et la sécurité et de promouvoir le développement économique, en se focalisant davantage sur les infrastructures de base, l'agriculture et la transformation industrielle, et en tirant profit de la technologie russe. Pour sa part, le président d'Afrique du sud, Cyril Ramaphosa, a estimé que le Sommet "Russie-Afrique" offrait l'opportunité d'approfondir et de renforcer la coopération et le partenariat pour le développement en Afrique, saluant la focalisation de la réunion et du Forum économique et humanitaire sur la coopération et les investissements, et la mise à profit des capacités et compétences des deux parties. Evoquant les perturbations géopolitiques émaillant le continent, M. Ramaphose a affirmé "l'importance de se conformer aux mécanismes internationaux", appelant à une plus grande représentation de l'Afrique, à travers la réforme des institutions internationales, en particulier le Conseil de sécurité des Nations Unies. "Il est inadmissible que le Continent africain avec ses 1.300.000.000 habitants ne jouisse pas d'un siège au Conseil de sécurité", a-t-il soutenu, mettant en avant "le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes". "Nous avons des ressources que nous devons exploiter pour l'intérêt de l'Afrique", a-t-il ajouté. Après avoir passé en revue la coopération avec les pays membres du groupe "BRICS", le président de l'Afrique du sud a souligné que ces Etats contribuent "à la promotion économique de l'Afrique", estimant que la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) "ouvrira la voie à la consécration de nos intérêts communs avec nos partenaires étrangers".