Les représentants de plusieurs pays ont réaffirmé, mardi devant la 4e Commission de la 78e session de l'Assemblée générale de l'ONU en charge des questions politiques spéciales et de la décolonisation, la nécessité d'organiser un référendum "libre et équitable" sur l'autodétermination du peuple sahraoui, pour parvenir à une solution durable au conflit dans la dernière colonie d'Afrique. Rappelant que cela fait maintenant plus de 30 ans que le Conseil de sécurité a approuvé le plan de règlement pour le Sahara occidental, le Lesotho a soutenu que seul un référendum libre et équitable sur l'autodétermination du peuple sahraoui, conformément à la résolution 1514 (XV) de l'Assemblée générale, pourra apporter une solution durable à ce conflit et au retrait du Sahara occidental de la liste des territoires non autonomes inscrits à l'ordre du jour de l'ONU. S'exprimant par la voix de son représentant permanent à New York, Matete Paul Nena, le Lesotho a, en outre, reconnu les efforts continus de Staffan de Mistura, envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres. Tirivavi Mawire, de la mission permanente du Zimbabwe a, quant à lui, relevé que la question du Sahara occidental demeure à l'ordre du jour de la 4e Commission depuis 1963, tandis que le plan de règlement de l'ONU et de l'Organisation de l'unité africaine (OUA, actuellement UA), approuvé par le Conseil de sécurité en 1991, qui prévoyait la tenue d'un référendum destiné à permettre au peuple sahraoui de déterminer son propre destin, a été "délibérément compromis". "Après avoir subi le traumatisme du colonialisme et accédé à l'indépendance grâce à l'aide de la communauté internationale, le Zimbabwe comprend la douleur de se voir refuser le droit à l'autodétermination et demeure solidaire du peuple sahraoui dans sa lutte légitime pour l'indépendance", a-t-il souligné. Lire aussi: ONU/4e Commission: plusieurs pays plaident en faveur du droit à l'autodétermination du peuple sahraoui Par ailleurs, le représentant s'est vivement inquiété des "manœuvres de certaines forces" qui souhaitent retirer la question du Sahara occidental de l'ordre du jour du Comité spécial de la décolonisation. Il l'a donc "imploré" de maintenir sa position "de longue date et sans équivoque" selon laquelle le Sahara occidental est un territoire non autonome. A ses yeux, le droit "inaliénable et non négociable" du peuple de la région à l'autodétermination et à l'indépendance doit être exercé par le biais d'un référendum libre et équitable. "Tant que le peuple du Sahara occidental ne sera pas en mesure d'exercer son droit à l'autodétermination, la décolonisation de l'Afrique sera incomplète", a-t-il argué. Le Maroc et le Front Polisario appelés à reprendre les négociations Il a donc appelé "le Maroc et le Front Polisario à reprendre le dialogue sans conditions préalables et le Conseil de sécurité à assumer les responsabilités qui lui incombent conformément à ses propres résolutions". "L'ONU a déjà alloué des ressources importantes à la MINURSO (Mission des Nations unies pour l'organisation du référendum au Sahara occidental), qui doit maintenant être autorisée à mettre pleinement en œuvre son mandat", a-t-il poursuivi. Par la voix de son représentant, Tarcisio Baltazar Buanahagi, le Mozambique a demandé la fin du conflit au Sahara occidental. "Les deux parties (au conflit) doivent négocier", a dit le délégué, en soulignant la "complaisance du monde" à l'égard de ce conflit gelé, en dépit des risques d'escalade. Et de mettre en garde dans ce sens que "le coût de l'inaction pourrait être élevé", en notant que "le référendum d'autodétermination se fait toujours attendre", avant d'exhorter les parties au conflit à négocier afin de parvenir à une solution pérenne. De son côté, la représentante permanente du Botswana à l'ONU, Gladys Mokhawa, a estimé à propos de la situation au Sahara occidental, qu'"il n'y a pas d'alternative à l'exercice du droit à l'autodétermination". Elle a appelé les parties à se réengager en faveur du processus politique en vue de faire de l'exercice de ce droit inaliénable "une réalité". La déléguée a souligné l'importance du rôle de l'Envoyé personnel du Secrétaire général de l'ONU, Staffan de Mistura, dans ce processus. Abondant dans le même sens, le diplomate camerounais Michel Tommo Monthe a réaffirmé son appui au processus politique en cours en vue de parvenir à une paix durable au Sahara occidental, occupé par le Maroc depuis 1975. Il s'est également félicité des efforts déployés par Staffan de Mistura afin de faciliter la relance des négociations en vue de parvenir à une solution acceptable pour l'ensemble des parties. Même son de cloche en Ethiopie qui, par le biais de son représentant Yoseph Kassaye Yoseph, a rappelé la position de principe de son pays en matière de décolonisation, à savoir qu'il appuie des solutions politiques acceptables par toutes les parties à des différends coloniaux. Pour sa part, le représentant de l'Ouganda, Godfrey Kwoba, a souligné l'importance de la résolution 1514 (1960) de l'Assemblée générale dans le contexte de la décolonisation, ainsi que le rôle important joué par l'ONU dans le cadre de ce processus. Regrettant que 60 ans plus tard, il existe toujours des territoires non autonomes, le diplomate s'est demandé si "l'ère de la décolonisation est révolue", avant d'appeler l'ONU à mettre en œuvre son mandat en termes de décolonisation. Le Ghana aussi a défendu le processus politique en cours, placé sous l'égide des Nations unies, et soutenu les efforts de Staffan de Mistura, en vue de trouver une solution négociée au conflit au Sahara occidental.