Plus de 80 morts ont été recensés ces dernières années dans des attaques de drones de l'armée d'occupation marocaine contre les territoires libérés du Sahara occidental, poussant des milliers de Bédouins sahraouis à quitter les lieux, rapporte le quotidien français "La Croix". Dans un reportage publié récemment, le journal affirme qu'un recensement réalisé dans les camps de réfugiés par l'Association des familles des prisonniers et disparus sahraouis, révèle que "les drones ont fait 86 morts et détruit 49 véhicules de Bédouins", précisant que depuis la fin de l'année 2021, les tirs de drones ont commencé à cibler les nomades. "L'objectif est de +nettoyer+ cette zone de toute présence civile", a expliqué au journal français, Abdeslam Omar Lahcen, président de l'association. Parti sur les traces de ce qu'il restait d'un campement de Bédouins, attaqué par des drones marocains, le quotidien français rencontre une survivante de ces frappes. "Le 28 janvier 2022, les engins volants se sont approchés une première fois. Rien à voir avec le vacarme des avions de chasse. C'est comme du vent qui souffle", a expliqué Radijatou, 69 ans, au journal. Au deuxième passage, a-t-elle poursuivi, "ce fut pour tirer sur le Land Rover de la caravane". Le journal, qui rapporte ce témoignage fort édifiant sur les violences marocaines à l'égard des civils sahraouis, précise que "dans la voiture, le conducteur meurt, et deux autres, dont le fils de Radijatou, sont blessés". "Tout le monde s'est dispersé en courant dans l'angoisse et le deuil. Nous ne nous sommes pas retrouvés avant la fin de la journée", a-t-elle ajouté, faisant remarquer que le groupe a dû sa survie à d'autres Bédouins qui "ont suivi leur trace" pour ramener leurs voitures. "Ce sont eux qui ont trouvé et enterré notre mort. Ils nous ont donné du thé, du sucre, de la farine, mais cette nuit-là, nous n'avons ni mangé ni dormi", a-t-elle affirmé. C'est ainsi que le groupe s'est fait chasser par des drones de l'armée marocaine comme 20.000 à 30.000 autres Bédouins qui vivaient là depuis des générations, précise encore le quotidien "La Croix". Le journal révèle d'ailleurs que dans le camp de réfugiés de Smara, rares sont ceux qui ne connaissent pas une victime de drone. Il cite, à ce titre, le cas de Fatimato qui avait 3 ans en 1975, lorsque sa famille a quitté Laâyoune occupée pour les camps de réfugiés. "Un jour, des officiels de l'armée sahraouie sont venus raconter ce qu'il s'était passé au front pour son mari. Ses camarades marquaient une pause technique, tandis qu'il était resté au volant du 4x4. Là encore le vent a soufflé, avant le fracas de l'explosion. Le corps est resté sur place : un martyr doit être enterré là où il est tombé", a rapporté le journal. Selon "La Croix", les drones sont entrés en action peu après la normalisation des relations entre le Maroc et l'entité sioniste en 2020. "Ce rapprochement est venu réaffirmer une coopération militaire de longue date" entre les deux parties, rappelle le journal, soutenant que "Rabat a même franchi un cap technologique important ces dernières semaines". En effet, le constructeur sioniste de drones militaires BlueBird Aero Systems a annoncé en avril la création d'une unité de production sur le sol marocain.