Pilier fondamental de la résistance sahraouie à l'occupation marocaine, les femmes sahraouies subissent une "répression généralisée et systématique" exercée par les autorités d'occupation qui usent de la violence fondée sur le genre pour les forcer à abandonner leur militantisme, dénonce un rapport publié à l'occasion de la Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes. Ce rapport, intitulé "Résilience dans la Résistance", analyse la manière dont le Maroc utilise une combinaison de mesures répressives (étranglement financier, diffamation, arrestation arbitraire, harcèlement, agressions sexuelles...) pour forcer les femmes à abandonner leur militantisme. Il exhorte également la communauté internationale à défendre les droits des femmes sahraouies, à les protéger de cette "répression brutale" et à obliger le Maroc à "répondre de ses actes". Rédigé par des défenseures des droits humains dans les territoires occupés du Sahara occidental (El Ghalia Djimi, Mina Baali, Mahfouda El Fakir, Nasrathoum Babi et Fatma Moulay), le rapport dénonce, entre autres, l'utilisation par l'occupant marocain de la violence sexuelle comme "arme de contrôle", visant à "infliger de graves préjudices physiques et émotionnels aux femmes sahraouies" en vue de "les fairetaire". Le Maroc tente de développer une image d'"une démocratie moderne et respectueuse des droits de l'homme et des femmes". Mais, le rapport révèle la véritable nature du Maroc en tant que pays qui viole les droits de l'homme et s'attaque spécifiquement aux femmes. "Ce rapport, qui émerge sous le poids de l'occupation et du blocus, donne de la voix aux femmes sahraouies, met en lumière nos luttes collectives et porte nos histoires au monde", affirment ses auteures. Selon ces militantes, "la raison pour laquelle la politique répressive du Maroc fonctionne, c'est parce que le sujet est tabou dans notre société". "C'est pourquoi nous disons aujourd'hui : il est temps de briser le silence et entamer un dialogue dans notre communauté pour que le Maroc n'ait plus le pouvoir de nous embarrasser. C'est le Maroc qui devrait avoir honte pour sa violence misogyne contre les femmes sahraouies", ont-elles ajouté. En plus de l'utilisation de la violence basée sur le genre, le rapport dénonce l'utilisation par le Maroc de l'"étranglement économique", "la diffamation" et la "surveillance" des femmes qui défendent les droits humains dans les territoires sahraouis occupés pour les contraindre à renoncer à leur militantisme. "La privation économique est systématiquement utilisée pour saper l'indépendance des femmes sahraouies et limiter leurs capacités à défendre leurs droits", souligne le rapport, précisant que cela commence par la réduction des salaires et la limitation de l'accès aux opportunités économiques des femmes, qui leur confèrent stabilité et indépendance. "Si cela ne fonctionne pas, l'occupant punit également leurs familles à travers la perte d'emplois et de revenus ce qui conduit à l'appauvrissement de toute la famille", ajoute le rapport. Cette forme de punition collective est "utilisée pour dresser les membres de la famille les uns contre les autres et forcer les femmes à choisir entre le bien-être de leur famille et leur activisme en faveur des droits de l'homme", explique encore le document. Le rapport fait état également du recours par les forces d'occupation à la diffamation et la surveillance stricte pour "ternir la réputation" des femmes sahraouies et "les décourager de participer à des activités politiques et de défense des droits de l'homme". Les organisations "Nomads HRC", le Comité norvégien de soutien à la santé au Sahara occidental, l'Association internationale de surveillance des droits de l'Homme (AIODH) et Meedan qui ont publié ce rapport, dénoncent "le caractère délibéré et généralisé de ces violations", affirmant que celles-ci "peuvent constituer des crimes contre l'humanité et des crimes de guerre". "Ces exactions interviennent dans le cadre d'une stratégie plus large de répression ciblée contre les femmes sahraouies comme moyen de soumettre l'ensemble de la communauté", ont-elles déploré.