Le directeur général du Fonds monétaire international (FMI), Dominique Strauss-Kahn, a maintenu, mercredi à Alger, les prévisions du Fonds sur la croissance de l'économie algérienne pour 2011 "si l'environnement mondial s'améliore". "Si l'environnement mondial s'améliore, notre prévision pour la croissance de l'économie algérienne se maintiendra'' pour 2011, a-t-il souligné au cours d'une conférence de presse. "Nous sommes en accord avec le gouvernement algérien sur les taux de croissance pour cette année et l'année prochaine, qui vont se situer autour de 4%, ce qui est un bon résultat, sans doute un peu mieux l'année prochaine", a déclaré le dirigeant du FMI, estimant que cette croissance qui devrait s'inscrire dans le long terme, dépendra de la conjoncture économique mondiale. "Le FMI est relativement prudent, si nous ne croyons pas à l'hypothèse d'une rechute de l'économie mondiale (...) la rechute n'est pas totalement exclue", a-t-il dit, en affichant l'optimisme du FMI quant aux perspectives de la croissance mondiale. Le FMI prévoit un taux de croissance positif de l'Algérie qui devrait s'établir à 3,8 % en 2010 et à 4 % en 2011 contre 2,4 % en 2009. Le DG du FMI a préconisé à ce propos, l'utilisation des ressources des hydrocarbures "pour pousser en avant la création d'un secteur privé actuellement assez balbutiant". L'Algérie "ne peut pas reposer sur une économie qui tournerait sur les ressources d'hydrocarbures", a-t-il prévenu, soulignant toutefois qu'"elles ont permis à l'Algérie de réaliser un taux de croissance très satisfaisant, avec une politique économique raisonnable, comme d'ailleurs le traduit le taux d'inflation faible aujourd'hui". D'ailleurs, a-t-il soutenu le colloque sur les "Ressources naturelles, finance et développement: faire face aux anciens et nouveaux défis", qui se tiendra les 4 et 5 novembre à Alger et qui est organisé conjointement par le FMI et la Banque d'Algérie, traitera "de la politique à mettre en place pour que les ressources des hydrocarbures conduisent à la création d'un secteur privé puissant, fournisseur d'emplois", à l'opposé "du secteur des hydrocarbures qui fournit à l'Algérie des ressources mais pas tellement d'emplois, qui est au bout du compte le problème". Il a estimé à cet effet que le taux de chômage "est élevé comme, c'est le cas malheureusement ailleurs", en raison de la crise de 2009, signalant que "le chômage au sein des jeunes atteigne un taux de 20% et c'est une charge considérable qu'il faut prendre en charge". Concernant l'emprunt obligataire du FMI, il a estimé que "l'Algérie pourrait toujours souscrire à une prochaine émission obligataire" du Fonds, précisant que "les 500 milliards de dollars émis ont été déjà achetés". "Pour le moment le problème de financement ne se pose plus parce que nous avons réussi à remplir l'appel d'emprunt que nous avions lancé pour collecter 500 milliards de dollars. Dans l'hypothèse où nous lancerions un nouvel emprunt nous verrons quels seront les pays intéressés (...) ça peut être une voie que l'Algérie décidera". Interrogé sur les mesures de la loi de finances complémentaire de 2009, jugés par certains comme des mesures protectionnistes, le dirigeant du FMI a répondu : "le protectionnisme en Algérie a été extrêmement faible". Sur ce point il a relevé "que le FMI est résolument en faveur d'un commerce libre à condition qu'il soit égalitaire", signalant que le Fonds "n'a pas constaté de dérapages majeurs en matière de protectionnisme à travers le monde pendant la crise, à l'exception de certains poussées de fièvre assez limitées". Evoquant la réforme du partage des quotes-parts au sein du FMI, sur laquelle se sont entendus dernièrement les ministres des finances du G-20, M. Strauss-Kahn a indiqué que le Conseil d'administration du Fonds prévu les jours prochains sera consacré à cette réforme. "Il est vrai que jusqu'a maintenant, le FMI est exagérément représenté par les pays développés et insuffisamment par les pays émergents", a-t-il constaté.