Deux courts-métrages algériens, "Le dernier passager" de Mounes Khemar et "Khouya" de Yanis Koussim ont été présentés, mardi à la cinémathèque d'Oran, au titre de la compétition dans cette catégorie de films de la 4e édition du Festival international du film arabe (FIFAO). "Le dernier passager", d'une durée de 7 minutes, montre la mal-vie d'un jeune qui se donne la mort en sautant, du haut d'une crique, dans le vide. Son âme erre, une dernière fois, dans la ville pour partir à la rencontre d'une femme qu'il a aimée, mais aussi au théâtre où devait se produire "Princesse", une de ses vedettes préférées. Mounes Khemar transmet, à travers l'image, toutes les pesanteurs d'une ville et d'une vie sans perspectives qui ont poussé ce jeune à accomplir l'irréparable. "Khouya" de Yanis Koussim parle de violence familiale. Une mère et trois sœurs subissent la violence d'un frère qui subsiste à leurs besoins et qui veille sur "l'honneur de sa tribu". Violence au quotidien. La situation dégénère lorsqu'une des filles est demandée en mariage. Celle-ci refuse. Le frère, blessé dans son amour-propre, réagit violemment. Les filles se révoltent. L'une d'elles saisit un couteau et tue son frère. Finalement c'est la mère qui endosse le crime, comme pour se punir d'avoir toujours privilégié le fils unique au détriment de ses sœurs. Le jeune réalisateur, ayant déjà à son actif "Khti" (Ma sœur) primé par plusieurs festivals, dépeint "l'univers parallèle" des femmes, qui arrivent à vivre, en dépit de l'oppression et de la "hogra" des hommes. Le public, venu en grand nombre, contrairement aux journées précédentes, a été agréablement surpris de découvrir le court-métrage de la marocaine Jihan El-Bahhar, "Ame perdue". Mourad est un artiste. Il est portraitiste. Il est fauché comme le blé car son métier ne lui rapporte rien. Dans sa sordide chambre, ses œuvres prennent vie et discutent avec lui pour lui reprocher tout et rien.Finalement, Mourad quitte son monde et met un terme aux discussions désobligeantes et blessantes avec ses "créations", en couvrant les toiles, une à une, de bâches. Pour sa part, le cinéaste tunisien Malik Amara, avec son film "Le linge sale", a signé une comédie digne des œuvres italiens. Radhi, un quinquagénaire est le souffre-douleur de sa monstrueuse épouse qui le maltraite et l'humilie à chaque occasion. Il rêve de se débarrasser de ce fardeau. Il échafaudera tous les plans pour tuer "proprement" sa femme et mener la "dolce vita" grâce à une assurance-vie à laquelle il avait souscrit. Malik Amara est fortement influencé par les cinéastes italiens. Les "traces" de Fellini, dans la manière de filmer les femmes toutes aussi obèses, laides et cyniques les unes que les autres, sont nettement visibles dans ce film. Les rires du public et les applaudissements qui ont suivi la projection, montrent que le cinéaste a fait "mouche". Reste à convaincre le jury. Le menu proposé pour ce mardi a également comporté, "Sabeel" de l'émirati Khalid Al Mahmoud et "Rouge pâle" de l'égyptien Mohamad Hammad. Dans "Sabeel", deux adolescents s'installent au bord d'une route déserte, pour proposer aux rares usagers des légumes cueillis dans leur petit jardin. Ils doivent gagner de l'argent pour acheter des médicaments à leur grand-mère agonisante. Dans "Rouge pale", Mohamad Hammad décrit les relations entre l'adolescente Cheyma et sa grand-mère, avec laquelle elle vit. Deux générations, deux conceptions de vie différentes. Chayma puise dans ses économies pour acheter des sous-vêtements plus à la mode. Sa grand-mère refuse cette "innovation" et l'oblige à plonger ses sous-vêtements dans du chlore afin qu'ils perdent leurs couleurs. Pour l'ultime journée de la compétition, prévue mercredi, le programme proposé comporte le troisième court-métrage algérien en compétition, "Garagouz" d'Abdenour Zahzah, qui vient de remporter un quatrième prix, en quelques mois, au festival du film de Dubaï. La proclamation du palmarès aura lieu jeudi lors de la cérémonie de clôture de cette 4e édition du FIFAO.