Après une rude et longue bataille au sein du Congres, le nouveau traité START de désarmement nucléaire entre les Etats-Unis et la Russie a finalement été voté mercredi par le Sénat avec une confortable majorité de 71 voix favorables contre 26. Le président américain Barack Obama va ainsi pouvoir promulguer ce texte qu'il considère comme un instrument majeur de sa politique de dénucléarisation et de rapprochement avec la Russie. Signé en avril dernier à Prague par le président Obama et son homologue russe Dmitri Medvedev, ce traité avait suscité des réserves dans les rangs des adversaires républicains qui dénonçaient une limitation des capacités militaires des Etats-Unis en cas d'adoption de ce traité notamment sur l'avenir de la défense antimissile américaine qu'ils estiment menacée par le nouveau texte. Même des sénateurs démocrates inquiets de la disparité entre la Russie et les Etats-Unis dans le domaine des armes nucléaires tactiques et à courte portée avaient déposé un amendement qui aurait mentionné la question dans le préambule de l'accord, mais il a été rejeté par 60 voix contre 32. c'est que l'adoption de cet amendement aurait anéanti le traité en rendant nécessaire une nouvelle négociation avec Moscou. Le sénateur démocrate Bob Casey avait assuré que les membres des deux partis étaient préoccupés par les armes nucléaires tactiques russes mais que le nouveau traité START ne les mentionnait pas pour la bonne raison qu'il s'agit d'un accord portant sur les armes atomiques stratégiques à longue portée. La Russie disposerait d'environ 2.000 armes nucléaires tactiques déployées, contre 500 pour les Etats-Unis, selon la Fédération des scientifiques américains. Les élus américains redoutent que ces armes ne soient pas suffisamment protégées et risquent de tomber aux mains de groupes extrémistes, et craignent aussi que les Russes soient plus prompts à les utiliser. "Leur doctrine militaire est à vrai dire d'utiliser ces armes", a déclaré le sénateur républicain Jon Kyl. "Pour les Russes, les armes nucléaires tactiques sont des armes de champ de bataille au même titre que l'artillerie". Le nouveau traité START (acronyme en anglais de Traité sur la réduction du nombre des armes stratégiques) entre les deux plus grandes puissances nucléaires mondiales prévoit un maximum de 1.550 têtes nucléaires déployées pour chacun des deux pays, soit une réduction de 30% par rapport à un niveau établi en 2002. Il prévoit en outre un mécanisme de vérification et d'inspection garantissant que les deux parties signataires respectent les termes du traité. L'expiration de START, qui avait été conclu en 1991, a conduit les Etats-Unis et la Russie à négocier ce nouvel accord. Mais toute l'attention se tournait vers l'opposition républicaine qui avait pratiqué ces derniers mois au Sénat une politique d'obstruction quasi-constante sur tous les textes législatifs présentés par la majorité, qui a conduit le président américain à faire plusieurs compromis. Conformément à la Constitution américaine, les traités conclus par le président doivent être ratifiés par les deux tiers des membres du Sénat, soit 67 élus sur 100. Or, la majorité dispose de 59 voix, il fallait donc que des républicains joignent leurs voix à celles des alliés de M. Obama. En outre, Moscou a déjà fait savoir qu'il se retirerait du traité si le système de défense antimissile américain en Europe allait à l'encontre de ses intérêts. Pour convaincre le Sénat du bien-fondé de ce nouveau traité, le chef de la Maison Blanche s'est même placé dans les pas d'un ancien président républicain, Ronald Reagan. Dans sa dernière allocution radiophonique hebdomadaire, il avait réclamé le soutien de son camp démocrate mais aussi des républicains en soutenant que sans un nouveau traité, les Etats-Unis ne seraient pas en mesure de vérifier l'arsenal nucléaire de la Russie, ''ce qui saperait la doctrine formulée par le président Reagan consistant à faire confiance mais à vérifier dès lors qu'il s'agit d'armes nucléaires". De son coté, le président de la commission des Affaires étrangères du Sénat, John Kerry, qui est l'artisan de cet accord bipartisan, "les enjeux sont énormes. En ratifiant ce traité, nous allons limiter l'arsenal nucléaire russe. Nous allons de nouveau pouvoir inspecter leur forces nucléaires". Après avoir obtenu l'accord du Congrès pour le nouveau traité START, le président Obama peut maintenant partir tranquillement en vacances de fin de l'année prévues à Hawai, en attendant l'installation d'un nouveau Congrès en janvier 2011 après les élections de mi-mandat du 2 novembre dernier, qui ont permis aux républicains de reprendre le contrôle de la Chambre des représentants. Quelques semaines après cette débâcle électorale du parti démocrate, cette fin de session parlementaire dite du canard boiteux ou ''lame duck'' (période séparant les élections législatives et l'entrée en fonction du nouveau Congres), a fini par être couronnée par plusieurs succès pour le président Obama.