Le candidat à la primaire du Parti socialiste (PS) français aux présidentielles de 2012 Arnaud Montebourg a déclaré ce dimanche 11 septembre à Alger qu'il était favorable à « une reconnaissance » par la France de son passé colonial en Algérie. « Je ne vois aucun problème à ce que nous reconnaissions ce qui s'est passé en Algérie » durant la colonisation, a‐t‐il dit au cours d'une rencontre avec des journalistes, après une visite de deux jours. « Comme nous l'avions fait vis‐à‐vis de Madagascar, on peut le faire avec nos amis Algériens », a‐t‐il ajouté. La France a présenté ses excuses à Madagascar sur la période coloniale. C'est la première fois qu'un responsable dans un grand parti politique français se prononce clairement en faveur de la reconnaissance par la France de ce qui s'est passé en Algérie durant la colonisation. M. Montebourg a fait remarquer que l'Algérie « n'avait pas demandé la repentance » à la France sur la période coloniale. « Il faut en finir avec la guerre d'Algérie. La question de la mémoire a été présente dans tous les entretiens que j'ai eus ici. C'est une obsession de part et d'autre. La question de la mémoire est le problème central dans le chemin de la réconciliation », a‐t‐il dit, proposant la création d'une commission d'historiens sur la colonisation. L'Algérie et la France ont rouvert la guerre d'Algérie d'une manière symbolique, a ajouté M. Montebourg qui veut en finir avec le sujet. « Est‐ce que vous ne pensez pas qu'on a autre chose à faire ? On ne veut pas ressasser le passé », a‐t‐il estimé, promettant, s'il est élu président de la république française, d'améliorer la circulation des personnes entre les deux pays. « Les actes d'amitié qui suivront la fin du conflit mémorial vont conduire à la création d'une espèce de couloir d'amitié pour faciliter la circulation des familles, des étudiants et chefs d'entreprises », a‐t‐il promis. « Il est normal qu'il y ait une exception algérienne et française sur la circulation des personnes », a dit M. Montebourg pour qui la politique des visas doit être revue. « L'union entre l'Europe et le Maghreb se fera entre l'Algérie et la France et non entre le Maroc et l'Espagne », a‐t‐il ajouté. Le candidat à la primaire du PS, qui a rencontré ce dimanche le ministre des Affaires étrangères Mourad Medelci, a remarqué une hésitation chez les responsables algériens quant aux réformes politiques. « Il y a une hésitation, une crainte chez les dirigeants algériens, a‐t‐il dit, mais les jeunes, les chefs d'entreprises et les passants dans la rue veulent plus de liberté ». M. Montebourg, qui se présente comme le fils de la France‐Algérie, a affirmé avoir dit aux responsables algériens que l'existence de l'opposition était nécessaire dans un système démocratique. « Le risque de l'islamisme ne peut pas bloquer les avancées démocratiques », a‐t‐il ajouté. Sur la Libye, M. Montebourg a dit comprendre les réticences algériennes concernant le conflit dans ce pays. « L'Algérie partage avec ce pays des frontières », a‐t‐il expliqué, tout en mettant en garde contre l'irakisation de la Libye. « Le scénario irakien est à nos portes, avec une désarticulation de l'Etat libyen. Qui unira la Libye demain à part la rente pétrolière ? Kadhafi n'a jamais constitué un Etat », a‐t‐il expliqué.