Ghania Houadria a été démise de ses fonctions à la tête d'Algérie Poste. Elle a été remplacée hier par Mohamed Hamadi qui occupait le poste d'inspecteur général au sein du ministère de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication. L'installation du nouveau directeur général d'Algérie Poste a eu lieu, dans l'après-midi d'hier au siège du ministère, en présence de Hamid Bessalah, ministre du secteur. En fait, c'est la procédure entamée par l'ex-ministre Boudjemaâ Haïchour qui a abouti. La preuve, le nom du nouveau directeur général d'Algérie Poste figurait parmi les candidatures proposées à la succession. Le nouveau manager d'Algérie Poste est, en fait, issu de la corporation des postiers. A partir du poste d'inspecteur, il a eu à prendre en charge durant sa carrière au sein du secteur de la poste et des télécommunications différentes responsabilités telles que directeur des PTT de la wilaya de Relizane, de la wilaya de Tiaret pour passer ensuite au poste d'inspecteur général au sein du ministère après avoir eu à gérer la direction territoriale de la poste d'Alger, composée de six wilayas du centre du pays. Ghania Houadria a eu de nombreux malentendus avec Boudjemaâ Haïchour depuis le début de l'année 2008. Le différend a éclaté au grand jour durant la célébration du 6e anniversaire d'Algérie Poste. L'ex-ministre n'avait pas du tout apprécié que Houadria prenne seule la décision de dépôt de son dossier de retraite sans lui en parler. Il le lui a reproché en pleine conférence de presse et pris à témoin des journalistes venus couvrir l'événement : « Dans les hautes responsabilités de la Fonction publique, il y a une déontologie, une réserve et une retenue, on est respectueux des lois de la République, on doit informer son chef hiérarchique pour tout. Je suis tenu à ce qu'il n'y ait pas une quelconque déstabilisation. Il y a eu une déstabilisation médiatique il y a quelques jours à son encontre, ce n'est pas l'œuvre de ses proches collaborateurs, c'est elle qui a décidé de partir à la retraite, personne ne l'a contraint. » Depuis ce jour, la patronne d'Algérie Poste qui est revenue sur sa décision de partir en retraite semblait assise sur un siège éjectable. Un énorme malaise s'est fait sentir au sein de l'opérateur postal. Le départ de Boudjemaâ Haïchour du gouvernement laissait supposer que Houadria a gagné la partie et qu'elle bénéficiait tel que propagé par des rumeurs persistantes – jamais confirmées ou démenties – de solides appuis en haut lieu alors que le processus de son limogeage suivait son cours. Hier, la cérémonie de passation de consignes s'est déroulée loin des feux de la rampe médiatique. Le ministre a préféré que ce passage du témoin se déroule juste entre les responsables du secteur et éviter ainsi des questions qui pourraient le mettre dans la gêne. Houadria a travaillé pendant 5 ans à la tête d'une entreprise de 27 000 travailleurs et conduit les réformes. Les investissements d'Algérie Poste de 2003 à ce jour sont évalués à plus de 20 milliards de dinars, dont 6 milliards du programme de soutien à la relance économique (PSRE), soit 4 milliards par année, quatre fois plus d'investissements consentis annuellement avant les réformes. Algérie Poste est la première banque du pays avec 15 000 milliards de dinars manipulés. L'opérateur estime à près de 1 million de citoyens qui fréquentent quotidiennement les bureaux de poste. Parmi les défis qui attendent le nouveau directeur général figurent l'amélioration de l'acheminement et de la distribution du courrier, la généralisation de la monétique, la modernisation du service courrier express (EMS) et l'amélioration de la qualité de service. Algérie Poste doit aussi faire face au déclin des échanges de courrier lié au développement de la téléphonie mobile (voix et SMS) et de l'internet (e-mail) ! Une tendance qui concerne la majorité des pays. Cependant, le round d'observation ne va pas trop durer puisque Mohamed Hamadi connaît bien le terrain où il va évoluer. Investie d'une mission de service public, la poste est aussi soumise à des performances commerciales et à des exigences de rentabilité en tant qu'entité économique opérant sur un marché de plus en plus concurrentiel. L'opérateur postal enregistre des « résultats nets positifs » depuis sa deuxième année de création, enregistrant en 2006 un chiffre d'affaires en hausse de « plus de 27 milliards de dinars ».