Réputé insondable et prudent, Joseph Ged, directeur général de Wataniya Telecom Algérie (WTA), leader du multimédia en Algérie, n'a pas résisté à la tentation de faire un véritable déballage public, hier, en marge de la signature de cinq contrats de sponsoring en faveur de clubs de football de division I. Le boss de Wataniya Telecom, filiale algérienne de l'opérateur Qatar Telecom (Qtel), a tenu, en effet, à infirmer les rumeurs insistantes faisant état de la volonté avérée ou supposée de France Télécom d'acheter sa filiale Nedjma. « Qtel est un acheteur (…). Il n'est pas à vendre », a-t-il répondu, convaincu, à une question d'un journaliste. Pour étayer son argumentaire, M. Ged a soutenu que les investissements de Qtel, de l'ordre de 10 milliards de dollars, sont à très long terme. Mieux encore, pour chasser le moindre des soupçons, il a affirmé que Qtel compte acheter une licence de téléphonie mobile en Irak, entrer dans le capital du second opérateur de téléphonie en Indonésie et devenir le 20e opérateur économique à l'échelle mondiale à l'horizon 2020. A la question d'une journaliste sur un prétendu travail de lobbying de Nedjma en faveur du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, M. Ged s'est montré très contrarié. « On est une compagnie à caractère commercial. Jamais nous n'avons fait de la politique. Nedjma agit conformément à la réglementation, de l'avis même de l'Autorité de régulation des postes et télécommunications (ARPT). Les actionnaires de Wataniya Telecom sont un Etat (55% du capital est détenu par le Quatar, ndlr) non pas un individu. Notre investissement s'inscrit sur le long terme. On n'est pas là pour faire des gains et partir ensuite », a-t-il sèchement répliqué. Les responsables de WTA semblent avoir pris la mesure de la mise en garde du président Bouteflika, dans son dernier discours devant les maires et walis, lorsqu'il a accusé ouvertement les investisseurs étrangers de faire des gros bénéfices sur le dos de l'Algérie. Mobilis pointé du doigt Le conférencier n'a pas été, par ailleurs, tendre avec l'opérateur historique Mobilis Télécom, sans le citer nommément, en invoquant un climat de concurrence déloyale de sa part. « Chaque opérateur a une règle de comptage. Celui du troisième opérateur n'est pas clair », a-t-il implicitemment dénoncé, non sans rappeler que Nedjma a atteint 5 millions d'abonnés en juin dernier et s'octroie ainsi 22% de parts du marché national de la téléphonie mobile. M. Ged a également révélé que l'entreprise a réalisé son équilibre financier. Celle-ci a perdu, d'après lui, 7 millions de dollars au premier trimestre 2008 avant de redresser la barre en réalisant des gains de l'ordre de 7 millions de dollars au second trimestre de la même année. « 2009 sera la première année profitable pour Nedjma », a-t-il indiqué. S'agissant de l'opération d'identification des puces anonymes prorogée par l'ARPT jusqu'au 10 octobre prochain, l'orateur a reconnu que 10% des abonnés restent encore à identifier. « Depuis la prorogation du délai en question, des mesures sévères ont été prises vis-à-vis de nos distributeurs. Le taux d'identification s'est accéléré. On sera fin prêts vers la fin septembre », a-t-il promis.