Jadis la ville de Béjaïa, de l'avis de tous, fut excellent exemple de la salubrité. Les anciens se souviennent de ces rues, « drodj » ou « z'niqa » qu'au petit matin on retrouve débarrassées du plus infime détritus ; De ces deux ou trois bouches d'incendies installés dans chaque quartier. Tout le réseau routier était alors passé à l'eau chaque jour. Ne parlons pas encore des nombreuses fontaines publiques aujourd'hui taries. Malheureusement, avec les nouvelles cités qui ont poussé comme des champignons, la ville sombre présentement dans la décrépitude. Le service de la voirie peine à assurer totalement les taches de nettoiement. Sur une masse de 120 tonnes de déchets ménagers dégagés chaque jour, 24 tonnes seulement sont enlevées par la commune. Tout le reste est de fait provisoirement laissé à des privés. Avec le type de moyens dont on dispose des deux cotés, le labeur est loin d'être bien accompli. Ce qui se traduit dans les cités par un paysage de désolation permanente. Du coté de l'APC, on explique la défection par la faiblesse des moyens dont dispose le service de nettoiement. La ville prend du gabarit et à l'inverse les moyens de son entretien s'effilochent. Sur le plan humain, bien que l'organigramme affiche un effectif de 362 agents, seuls 138 d'entre eux opèrent véritablement dans la voirie. Le reste de l'effectif est ou en arrêt de travail ou réaffecté suite au constat d'inaptitude prononcé par la médecine du travail. Là-dessus, il y a lieu de reconnaître des conditions de travail, assez périlleuses sur le plan de la santé. Sur le plan matériel, le parc est réduit à 6 camions à bennes tasseuses. Et en moyenne 2 seulement sont régulièrement opérationnels. Une moyenne de deux engins tombe toujours en panne, car tournant sans arrêt à longueur de journée alors que les normes limitent à 10 heures la mise en fonctionnement quotidien. Quand aux détritus légers qui jonchent sur les caniveaux, les trottoirs et les accotements, là également on soulève le problème de l'insuffisance du nombre d'agents affectés au balayage. 86 agents pour toute la ville. La problématique semble particulièrement préoccuper l'actuelle équipe élue à la tête de la commune à en juger par les mesures annoncées par M. Tahar Haneche, le président de l'APC. Une enveloppe de 77 millions de dinars vient d'être dégagée pour l'achat de 4 camions à bennes tasseuses, deux camions de 2,5 tonnes et d'un camion de 7 tonnes. Sur le plan organisationnel, un schéma directeur vient d'être adopté. Sa conception part d'un inventaire quantitatif et qualitatif des moyens. Elle définit une adéquation du mode de collecte, une nouvelle sectorisation, l'optimisation des organigrammes et des moyens et la mise en place d'une régie autonome et personnalisée (une copie en quelque sorte de Netcom, la nouvelle structure de nettoiement opérant à Alger). Toutefois, M. Haneche ne conçoit pas une salubrité « sans l'implication des citoyens ». Il attend une participation des citoyens notamment dans les opérations de désherbage en cours. Pour le P/APC, le nettoiement de la ville est aussi l'affaire de la direction de l'environnement de la wilaya qui « comme cela s'est fait dans les autres wilayas » devrait aider la collectivité en équipements. De son coté M. Allaoua Mouhoubi, le vice-président qui gère les deniers de la commune, s'insurge contre le fait que toutes les dépenses soient supportées par le seul fonds de la commune sans que celle-ci ne bénéficie, depuis 2001, d'une part de ce qui est communément appelé la fiscalité écologique. A noter qu'un arrêté communal vient d'être signé qui réactive la brigade de l'environnement dont la mission est de lutter contre les décharges non autorisées, les dépôts de gravats et le non respect des horaires de sortie des ordures.