Les autorités algériennes demeurent sans réaction après l'arrestation puis la mise en examen en France du diplomate algérien, Mohamed Ziane Hassani, soupçonné d'être le commanditaire de l'assassinat du défenseur des droits de l'homme Ali Mecili. Ce présumé commanditaire qui se trouve aujourd'hui à Paris sous l'interdiction de quitter la région parisienne, attend une convocation du juge d'instruction prévue pour la fin du mois en cours. Si des zones d'ombre entourent l'attitude silencieuse des autorités algériennes, Hocine Aït Ahmed, président du Front des forces socialistes et ami de Ali Mecili, dit redouter que l'affaire ne suive pas son cours jusqu'au bout. Dans un entretien accordé au journal électronique Tout sur l'Algérie, Hocine Aït Ahmed qui exprime son « euphorie » pour « le réveil de la justice française après 21 ans de déni de justice », espère aussi que « les choses iront jusqu'au bout ». « Pour moi, il n'y a pas de justice sans éthique de la justice. Au lieu de se gargariser de droits de l'homme, il faut commencer par civiliser la politique et garantir l'indépendance de la justice des deux côtés de la Méditerranée », dit-il. Ce dernier n'exclut pas que Ziane Hassani quitte le territoire français avant la tenue de son procès. « cela pourrait évidemment bien se produire, sans exclure une planification préalable des deux côtés », précise Aït Ahmed. Tout en affirmant faire confiance au juge Thouvenot, le leader politique qualifie cette affaire de « vrai polar barbouzo-totalitaire se déroulant derrière les murs de la raison d'Etat et des déraisons des contrats ». Aït Ahmed prend l'exemple de l'ex-ministre français de l'Intérieur Charles Pasqua « qui avait envoyé à Alger le tueur, alors que son implication ne faisait aucun doute puisqu'il était porteur d'un ordre de mission de la police politique signé précisément par le « sieur » Hassani qui vient d'être arrêté à Paris ». Le responsable du FFS estime que « la connivence entre Etats » a commencé lorsque dans cette affaire avec « le coup de téléphone de ce ministre de l'Intérieur français à l'ambassadeur d'Algérie à Paris rien que pour le rassurer sur le fait que l'Algérie n'avait rien à faire dans cette histoire ». Hocine Aït Ahmed estime que « l'élément qui a fondé la conviction du juge est le témoignage de Samraoui en 2003. Quand il a raconté comment il avait accompagné Hassani pour aller voir Amalou, le tueur, et le convaincre d'accepter 800 000 francs pour son « boulot » en attendant le reste ». Le même leader politique qui a toujours dénoncé un crime politique a indiqué que « le dossier a établi sans ambages la complicité d'autres personnes dans ce dossier » et « quant aux commanditaires politiques, c'est l'histoire d'une police politique qui a pris en otage la justice de notre pays depuis l'indépendance ». La lenteur de la réaction de la justice française qui aura duré plus de vingt ans est qualifiée par l'invité de TSA de « lâcheté des deux Etats ». « Force est de constater que ce meurtre n'est pas une bavure ni un accident de parcours. C'est au contraire une constante depuis l'indépendance. C'est une volonté des tenants du régime de détruire le politique jusqu'à l'idée même de la politique. Au besoin, par l'exécution de ceux qui menacent les fondements de leur régime. C'est-à-dire, des personnes capables de penser et de mener des combats politiques autonomes pour les droits de l'homme et la démocratie », note Aït Ahmed. Ce dernier ne voit pas de lien entre l'arrivée au pouvoir de Nicolas Sarkozy et les nouveaux rebondissements dans le dossier Mecili. Il estime même que « les choses ont été menées à son insu ». « Je crois que les initiatives viennent du nouveau juge Thouvenot qui a repris le dossier au juge Bruguière. Ce dernier avait refusé de faire aboutir les choses. A mon avis, le pouvoir politique français n'a pas joué un rôle déterminant dans cette évolution du dossier. Je crois qu'il a même été dépassé par l'initiative du juge Thouvenot. C'est pour cela que nous craignons pour l'avenir », indique le leader historique en exprimant l'espoir que le succès sera du côté de la justice.