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La conjoncture met à mal le portefeuille des Algérois
Entre les dépenses de jeûne et celles de la rentrée scolaire
Publié dans El Watan le 23 - 08 - 2008

Traditionnellement, les Algérois préparent l'arrivée du Ramadhan des jours, voire des semaines à l'avance. L'est de la capitale ne semble cependant pas échapper à cette pratique ancrée dans les mœurs depuis des lustres. A Aïn Taya comme à Bordj El Bahri, ou encore à El Marsa, les habitudes convergent toutes vers un seul objectif, celui d'accueillir le mois sacré dans des conditions agréables.
Ne dit-on pas : « Il ne faut jamais mélanger chaâbane avec ramadhan » ? Cet adage bien de chez nous ne reflétant nullement la réalité du quotidien en ce mois hégirien de chaâbane. Cette partie de la côte est algéroise se trouve en fait « noyée » dans les senteurs de Ramadhan. A Quahouet Chergui, les « commerçants » de z'labia et de qalb ellouz anticipent l'événement en s'improvisant, dès maintenant. En l'absence d'un véritable travail de contrôle, les commerces subissent des conversions de conjoncture, « il est question de rentabiliser nos commerces durant ce mois par des marchandises en vogue afin de compenser d'éventuelles pertes », souligne un buraliste converti en vendeur de gâteaux, tartelettes et autres gourmandises convoités durant le mois sacré. Au niveau des foyers, le Ramadhan est l'occasion pour les bourses les plus favorisées de renouveler les ustensiles de cuisine et de repeindre les maisons. Pour les moins aisés, ils tiennent néanmoins à ce que le logis soit avenant et propre ; un toilettage général de la maison s'impose quelques jours avant le début du carême, les mères de famille briquent tout, la maison, le linge et doivent également rouler le couscous, aliment nécessaire à toute la maisonnée durant le Ramadhan.
Ce rituel qui précède ce mois comprend également les différents achats de circonstance. Faute cependant de structures commerciales devant satisfaire cette attente, les habitants de cette localité de l'Algérois sont contraints, pour effectuer leurs achats, de se déplacer dans d'autres localités, ou se tourner vers les vendeurs informels qui ont pignon sur rue. Eu égard cependant à l'expérience des années précédentes qui a démontré que les prix des fruits et légumes et des viandes avaient tendance à « s'affoler », quelques jours avant le mois sacré, les citoyens s'attendent à ce que les prix grimpent, qui d'ailleurs connaissent d'ores et déjà une augmentation considérable, donnant un avant-goût sur ce que sera la mercuriale durant le mois de jeûne.
Flambée des prix…
Les prix des produits sont passés du simple au double. La pomme de terre qui coûtait à peine 25 DA le kilogramme il y a quelques jours seulement, est montée à 55 DA. La courgette est cédée entre 50 et 60 DA le kilo, contre 25 DA il y a une semaine. « Tous les produits ont été augmentés de 40, voire 50% », se lamentent des pères de famille. Et d'ajouter : « Même si nous pouvons faire face aux dépenses de ce mois, la rentrée scolaire va éroder encore plus notre pouvoir d'achat. » Le Ramadhan, qui coïncide cette année avec la rentrée scolaire, va certainement mettre à rude épreuve le budget des familles. De nouvelles galeries sont ouvertes le long du boulevard principal de la ville ainsi que plusieurs luxuriants espaces de commerce au niveau du quartier d'Ouled El Hadj qui drainent ces jours-ci la clientèle, notamment pour acheter les habits et l'électroménager. Les épiciers sont parfois dépassés devant l'afflux remarquable des consommateurs, en grande partie citadins.
Profitant de la disponibilité des denrées alimentaires, les chefs de famille s'approvisionnent d'une manière précoce en prévision de toute fluctuation probable du marché dès le premier jour du mois de Ramadhan. Inquiets ou avisés, les habitants des coins enclavés se précipitent sur l'achat des semoules, de l'huile de table et de sucre. « Dieu merci, tout est pour le moment disponible. On ne saura pas si cela continuera ou bien s'il s'agit seulement d'une faveur à l'approche du cher mois de carême », se demande un citoyen venant du sud-est de la commune où il n'y a que les marchands de détail et quelques boutiques d'alimentation générale. Ces commerçants profitent de l'aubaine pour faire leurs stocks en marchandises de large consommation. Même les réparateurs font des facilités pour entretenir les fourgons de transport collectif et les véhicules particuliers servant, dans le monde rural, les « fraudeurs ».
Tout est possible en ces « moments d'émotions » précédant le premier jour de Ramadhan, lequel reste, au vu des connaisseurs, une période des commerces prospères, contrairement à sa « vocation » initiale de mois de culte, de bienfaisance et d'entraide. A Baraki, c'est tout bonnement la prospérité précaire ! Les prix des légumes et des fruits ont baissé sensiblement sur le marché central de la ville. Les tomates et la pomme de terre sont cédées à 20 DA le kg, les fraises sont vendues à 50 DA le kg. L'écart entre les prix d'il y a une semaine et ceux en cours, a atteint les 40 dinars pour la grande partie des produits et fruits. Quant aux épices, il y a lieu de signaler les importantes offres faites par les revendeurs de la ville qui se sont certainement approvisionnés en substance de la place de l'atlas blidéen, connu pour la vente d'épices du terroir indispensables aux saveurs des menus ramadhanesques. En outre, les tapis et les meubles sont exposés à des prix concurrentiels. Selon des commerçants, les citadins sont d'habitude appelés à renouveler leurs meubles en prévision du Ramadhan.
Il y en a qui procèdent par la même occasion au renouvellement de la peinture des pièces de leur maison. « Les familles originaires de Baraki veillent à respecter ces traditions menacées par la modernité », fait remarquer un sédentaire au quartier d'El Baraka. Coïncidant avec la rentrée scolaire, les magasins d'habits affichent des remises sur les prix des vêtements pour enfants. « Des réductions sont également faites sur les prix des habits pour hommes et femmes, comme si l'on se préparait à une joyeuse fête », dit une jeune fille de la cité des 2004 Logements. Mais « tout le monde s'interroge si cette prospérité perdurera ou si ce n'est qu'une situation précaire », conclut une enseignante issue d'une famille défavorisée vivant au quartier populaire d'El Merdja.
E. Yazid, K. Saci


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