Les mêmes questions reviennent à l'approche de chaque mois de Ramadhan qui tient déjà en haleine les ménages. Elles sont devenues encore plus pressentes, au double sens, ces dernières années où les événements se chevauchent. Rentrée sociale et mois hégirien de Ramadhan arrivent presque à la même période, avec toutes les gymnastiques « dépensières » auxquelles sont forcées les familles. Pourtant, aucun ne peut se permettre de renoncer à ces moments qui « font les bons musulmans que nous sommes », rétorqueront les Algérois. Sauf que le côté sacré de ce mois n'est plus dans les discussions des Algérois. Le mois « sucré » oblige toujours à payer des factures salées. Des mesures sont-elles prises par les pouvoirs publics pour en amoindrir les effets ? La loi du marché prime et le ministère du Commerce laisse faire, en abandonnant ce rôle de régulation qui devrait être le sien. Des circulaires sont émises par le ministère du Commerce, toujours prompt à prendre des mesures à l'occasion de chaque événement pour « marquer le coup ». Celle de ces derniers jours oblige les commerçants à « modifier au préalable leur registre de commerce » pour tout changement de commerce. En ligne de mire, les vendeurs de zlabia. Pourtant, presque une même circulaire fut établie l'année dernière à la même période, portant obligation aux commerçants d'avoir l'autorisation préalable des pouvoirs publics avant chaque décision de changer de « commerce ». A-t-elle été respectée ? « Lorsque l'on voit cette profusion de commerces ouverts et le choix qui s'offre aux clients des gargotes et autres cafés, on ne peut qu'en douter », s'écrie-t-on. L'effectivité des lois pose problème dans les zones de non-droit que sont devenus les marchés de gros de la périphérie et même du centre-ville. On se rappelle la frénésie ayant précédé l'Aïd El Kébir où des individus se sont improvisés maquignons dans les grandes rues de la capitale. Des vendeurs de baguettes de pain se transforment en vendeurs de zlabia, cette succulente confiserie que n'apprécient les Algérois que durant ce mois « trop gras ».