Entre les dépenses pour la prochaine rentrée scolaire et celles du mois sacré du Ramadhan, la famille oranaise reste écartelée entre un dilemme cornélien, alors que la courbe des prix des produits de large consommation continue inexorablement une hausse vertigineuse. L'augmentation des prix de certains produits de large consommation, sujet de préoccupation à plus d'un titre, alimente le quotidien des ménagères devenues, par la force des choses, des expertes en calcul mental. Comment faire face aux dépenses “astronomiques” générées par un double événement nécessitant un budget confortable. “On est complètement obnubilé par ce problème qui envahit notre quotidien. Dans un passé tout récent, le fait de prendre son couffin pour faire son marché était un plaisir de la vie. Avec l'actuelle flambée des prix de première nécessité, notamment les fruits et légumes, le geste est lourd et le pas est hésitant”, confie un père de famille. Selon l'Office national des statistiques (ONS), les prix de base des produits alimentaires ont augmenté de 9,8% au mois de juillet dernier par rapport à la même période en 2006. Les statistiques de l'ONS pour le seul mois de juillet dernier confirment une légère hausse des indices des prix des produits de large consommation (produits alimentaires, de santé ou d'hygiène corporelle). La hausse des prix des produits de large consommation durant cette période, même si les dépenses inhérentes aux charges locatives sont restées stables, a accéléré l'érosion du pouvoir d'achat des Oranais qui risque encore de chuter, selon des citoyens interrogés, au mois de septembre, traditionnellement le mois où les dépenses scolaires grèvent le budget des familles à bas revenus. La crainte que cette hausse ne s'accentue en prévision du mois sacré du Ramadhan est partagée par la majorité des familles oranaises qui estiment que des contrôles plus “serrés et réguliers” serait un moyen à même de lutter contre la hausse des prix des produits de large consommation, notamment les produits agricoles, et de les maintenir à des niveaux abordables. La mise en place par le gouvernement d'un comité de veille ad hoc, dont la mission est de suivre au quotidien les tendances du marché, est une initiative qui va dans ce sens. À Oran, cette initiative a été saluée par les familles qui appréhendent toutefois une brutale flambée des prix durant le mois de Ramadhan. Le rythme moyen de l'inflation au cours du premier semestre est, selon l'ONS, de 2,6% par rapport à la même période une année auparavant. Cette hausse est imputée par l'office “à une augmentation pendant les six derniers mois des prix des biens alimentaires, notamment des produits agricoles frais (+3,7%). Mais, entre 1994 et 2006, le rythme annuel de l'inflation a graduellement baissé en Algérie, passant de 29,04% à 2,6%. Mais ce taux (2,6%) reste supérieur à celui réalisé en 2005 (+1,6%). Mais, pour les ménages oranais, la réalité reste têtue : aux produits de large consommation, viendront se greffer les dépenses des articles scolaires, des frais inévitables en cette période de rentrée sociale. Et, pour ne pas déroger à une vieille habitude, les magasins de la ville d'Oran se mettent, d'ores et déjà, “à la page” et commencent à faire étalage de leurs marchandises. À voir les magasins exposer leurs articles scolaires où les cartables cohabitent avec les tabliers, les trousses et autres menus accessoires qui entrent dans une liste déjà assez longue pour les ménages, ont croirait presque que les temps de la sardine grillée, du muscat et de la “bronzette” à la sauvette sur le petit port ont laissé place à la fraîcheur automnale. APS