L'université vient de délivrer le premier diplôme de Doctorat pour une thèse traitant de la littérature américaine. Il s'agit d'un travail très original et, souligne-t-on, portant sur la relation entre l'art et la religion au travers de la poésie puritaine du poète Thomas Stearns Eliot. Préparée sous la direction du Professeur Abbès Bahous, la thèse est l'œuvre de Fouad Djemaï. Présentée devant un jury, la thèse soutenue aura surtout permis au nombreux public de prendre connaissance du parcours très particulier de ce poète d'origine américaine, mais ayant également vécu en Angleterre. Né en 1888 à Saint-Louis, dans l'Etat du Missouri, TS Eliot fera des études de Lettres et de Philosophie à Harvard et à la Sorbonne. Il se passionnera pour la poésie et s'installera en Angleterre à l'âge de 28 ans. Marié à Vivien Haigh-Wood en 1915, il sera employé à la Lloyds Bank ; avant de devenir directeur d'édition chez Faber & Gwyer, tout en poursuivant une intense activité de poète, d'auteur dramatique, d'essayiste et de critique littéraire. Il deviendra le plus imposant auteur d'origine américaine du Royaume Unis, dont l'œuvre se nourrira essentiellement des questionnements à soubassements religieux. L'assassinat de Thomas Becket, archevêque de Canterbury, lui inspirera son célèbre « Meurtre dans la cathédrale » qui lui vaudra le prix Nobel de littérature qu'il obtiendra en 1948, à l'age de 60 ans. Ceci justifiant amplement le choix du candidat et de son directeur de thèse de s'intéresser à la trajectoire poétique singulière faite de retours incessants vers le puritanisme de ses origines et la modernité qu'Eliot parvient tout de même à personnifier, de part son appartenance de fait à un modernisme aléatoire, voire tout simplement paradoxal. C'est en mettant en exergue les paradoxes et les contradictions du modernisme chez TS Eliot et de son retour incessant vers la religiosité de ses origines que l'auteur de la thèse parviendra à captiver, en un doux passionnant débat, l'attention du public et des membres du jury. S'il est vrai que les échanges entre examinateurs et examiné furent intenses, il n'en demeure pas moins que ce travail original aura permis à l'université de renouer avec les débats philosophiques dont elle fut sevrée pendant trop longtemps. Dans un pays où la frontière entre le religieux et la société est si ténue, il est salutaire qu'à l'université on accepte de s'ouvrir à toutes les interrogations existentielles. Le voyage à l'intérieur de l'œuvre poétique de TS Eliot auquel nous auront conviés Abbès Bahous et Foued Djemaï nous aura réconciliés avec la critique littéraire et la rigueur universitaire. En mettant en exergue l'influence de la religion dans l'élaboration d'une œuvre poétique au grand souffle, ils auront surtout mis en évidence la dualité qui aura sou tendu, non pas l'œuvre mais toute la vie de ce grand poète américain. Ce travail mérite amplement une traduction au Français et pourquoi pas à l'Arabe, ce qui lui ouvrira des perspectives insoupçonnables.