Asif Ali Zardari, le veuf de Benazir Bhutto, a été élu, hier, président du Pakistan par le Parlement et les assemblées provinciales, a annoncé le président de la commission électorale. « Asif Ali Zardari a recueilli 281 suffrages sur les 426 » des deux chambres du Parlement, a déclaré Qazi Mohammad Farooq à la tribune du Parlement. La victoire du leader du principal parti de la coalition au pouvoir depuis les législatives de février était de toute façon assurée. Cette élection se déroulait 20 jours après la démission du chef de l'Etat, Pervez Musharraf, poussé vers la sortie par la nouvelle coalition au pouvoir, issue des législatives du 18 février et emmenée par le Parti du peuple pakistanais (PPP). Ce mouvement est dirigé par Zardari depuis l'assassinat, le 27 décembre 2007 dans un attentat suicide, de l'ex-Premier ministre, Benazir Bhutto, alors leader de l'opposition. Asif Ali Zardari, 53 ans, connu jusqu'ici à l'étranger seulement pour sa réputation sulfureuse, est encore largement affublé de son sobriquet « Monsieur 10% » dans son pays. Il demeure un symbole de la corruption au sommet du pouvoir dans les années 1990, quand son épouse, dont il était ministre, dirigeait le pays. Il est demeuré impopulaire parmi les 168 millions de Pakistanais, mais il a pris la tête du PPP à la surprise quasi-générale au lendemain de la mort de son épouse, puis a été désigné candidat à la présidence malgré des remous au sein de cette formation. La justice a récemment abandonné une partie des poursuites contre cet homme qui a passé 11 années en prison jusqu'en 2004, pour corruption et assassinat, et il a été amnistié pour le reste des accusations il y a un an par le président Musharraf, qui négociait alors avec Mme Bhutto un accord de partage du pouvoir. Les éditorialistes quasi-unanimes s'alarment déjà des « effets néfastes » de la désignation d'une personnalité si controversée au moment où le pays est au bord de la banqueroute, où les combattants islamistes semblent gagner du terrain et où Washington, exaspéré, multiplie les tirs de missiles et les attaques contre Al Qaïda dans le nord-ouest, à partir de l'Afghanistan voisin.