Une trentaine de foyers d'incendie a été enregistrée ces trois derniers jours dans la wilaya de Tizi Ouzou. Les feux ont touché les localités de Larbaâ Nath Irathen, Tizi Rached, Azeffoun et Tigzirt. Dans la commune d'Aït Yahia Moussa, à 30 kilomètres au sud-ouest du chef-lieu de wilaya de Tizi Ouzou, les flammes ont ravagé des superficies importantes de broussailles, de forêts, d'arbres fruitiers et une dizaine de maisons ont été détruites par le feu. Quatre villages étaient cernés par les flammes dans la journée de mardi dernier et une dizaine de maisons ont été détruites. D'on dénombre deux blessés parmi les villageois, selon des sources locales. Durant l'après-midi de mardi, la RN25 a été coupée à la circulation par des jeunes en colère qui ont érigé des barricades et des pneumatiques enflammés, en face du campement militaire. Les manifestants ont accusé les pouvoirs publics de « non-assistance à personne en danger ». « Vous voyez. Toute notre commune a été ravagée par le feu, mais les secours ont tardé à venir. On a eu des maisons détruites. On a dû évacuer les habitants par nos propres moyens. Nous n'allons pas nous taire, car il s'agit d'un acte d'indifférence de la part des autorités », s'insurge un quadragénaire rencontré à l'entrée de l'agglomération. « Dans les villages, des riverains sont actuellement en danger de mort. La situation est très délicate en ce moment », ajoute un autre citoyen qui nous invite à nous rendre dans ces « collines oubliées ». En quittant un chef-lieu de commune en effervescence avec une tension juvénile perceptible, nous arrivons au CW 152 reliant Aït Yahia Moussa à Timezrit, dans la wilaya de Boumerdès. C'est là que la rigueur des flammes se faisait sentir de manière étouffante. En s'approchant du premier foyer d'incendie, la chaleur monte considérablement. A Afir, l'un des villages les plus importants de la région, la mobilisation des villageois a été d'un apport vital dans la mesure où les renforts de la Protection civile peinaient à maîtriser l'incendie. Sous-équipés, les sapeurs-pompiers tentaient difficilement d'évacuer les habitations touchées. Des jeunes s'approvisionnaient, sans discontinuer, en eau dans les puits et autres fontaines pour diminuer l'intensité des flammes. « Il nous ont coupé l'eau, l'électricité et ils nous ont laissé livrés à notre propre sort. Sommes-nous des Algériens ou bien des étrangers à ce pays pour que les autorités nous traitent de telle manière ? », disent des jeunes qui venaient de tendre la perche à une dame qui a failli périr vu que sa vieille maison était cernée par les feux. Elle a été transportée en urgence à l'hôpital. Elle présentait des brûlures au niveau de plusieurs parties du corps ainsi que des symptômes psychologiques. Continuant notre chemin, sur une route sinueuse et difficilement carrossable pour rejoindre Ibouharene, cette bourgade qui longe la forêt n'a pas été épargnée par l'incendie. Outre les maisons détruites, deux poulaillers ont été ravagés par les flammes. Cela, sans parler des milliers d'oliviers partis en fumée. « On n'a rien d'autre pour vivre dans ces montagnes perdues que cette richesse naturelle qu'on voit aujourd'hui partir en fumée. Pis, on est privés d'eau, d'électricité et aucun responsable n'a daigné venir pour constater les dégâts », dénonce un vieux, à peine capable de marcher, pour illustrer la détresse des populations de cette contrée de la Kabylie. « Le feu a commencé à se propager dès 10h, mais les pompiers ne sont arrivés sur les lieux que dans l'après-midi. C'est grâce à la mobilisation des jeunes qu'on a pu éviter le pire », dit aâmi Slimane, un homme d'un certain âge, qui rappelle la rudesse des conditions de vie dans ces villages de montagne. Plus haut, sur les cimes, se dresse un autre hameau : Ighil Mouhou, en face d'Ibouhrane, où on a trouvé un véhicule de transport de voyageurs calciné. Le véhicule était heureusement vide. Le chauffeur en a réchappé de justesse. Il s'en sortira avec quelques brûlures mais sans gravité, précisent des témoins oculaires.. En début de soirée, les jeunes en colère bloquaient toujours la RN25 reliant Draâ El Mizan à Tizi Ouzou. Aucune autorité ne s'était déplacée sur les lieux.