Décidément, le feuilleton de la brouille entre les ouvriers syndicalistes algériens travaillant pour le compte de la SNC Lavalin au niveau du chantier de Djebahia (Bouira) et leur entreprise semble loin de connaître son épilogue. Cette société canadienne est chargée, pour rappel, de la réalisation d'une station de traitement du barrage Koudiet Asserdoune. En effet, les membres de la section syndicale exerçant au sein de SNC Lavalin, dont M. Laribi (secrétaire général), Bounoua Rabah (adjoint) et Cheikh Kamal (membre fondateur), sont venus à notre bureau pour dénoncer, avec virulence, le licenciement qualifié d'« arbitraire » dont ils sont victimes. Nos interlocuteurs attestent avoir reçu par « l'intercession du directeur de ladite société, des décisions d'arrêt de travail dont le seul et unique motif est l'expiration de la durée de leurs contrats initiaux CDD ». Une raison qui ne saurait convaincre, si on se fie aux déclarations des concernés. Pour eux, « ce n'est là qu'une volonté délibérée de mater le syndicalisme au sein de cette entreprise », témoigne M. Laribi, président de la section syndicale dont les sept membres fondateurs, ajoute-t-il, ont tous été limogés alors que plus de 70 autres ouvriers ont été licenciés pour s'être « solidarisés avec nous ». Un autre syndicaliste exhibe un procès-verbal de non-conciliation établi par l'antenne de l'inspection du travail de Lakhdaria, dans lequel il n'est pas fait état d'un compromis entre l'employeur et lesdits ouvriers. Pour le responsable de l'inspection du travail de wilaya que nous avons contacté, l'affaire est au niveau de la justice, donc il serait hasardeux de se prononcer, étant donné que ces licenciements peuvent être dus à l'expiration de contrats de travail déterminés. Aussi, dans les dispositions en matière du droit de travail, soutient ce responsable, l'employeur ne peut en aucun cas licencier un employé si son contrat n'a pas expiré ; mais cette décision est légale dans la mesure où l'employé se rend coupable d'une erreur professionnelle grave. En outre, explique-t-il, l'inspection du travail, qui veille sur l'application de la législation en vigueur, ne saurait intercéder au profit de ces syndicalistes qui ne sont pas, eux non plus, à l'abri de la loi et de la réglementation en vigueur, tel que stipulé dans les clauses de leurs contrats respectifs avec cette entreprise. Toutefois, les syndicalistes ne veulent pas entendre la chose de cette oreille. Ils soutiennent n'avoir ni antécédents avec la justice ni commis d'erreur professionnelle ; mais ils jugent que leurs licenciement obéit à une volonté de faire taire le droit syndical. « Notre seul tort est d'avoir osé réclamer nos droits, pourtant notre section syndicale est dûment agréée », conclurent-ils, tout en attendant un dénouement heureux à leur affaire au niveau de la justice.