Tout le monde a dû lire ces expressions sorties de la bouche des officiels : « Au plus tard dans la seconde moitié de l'année en cours, la première partie du semestre ou avant la fin du trimestre prochain ». Depuis que les gouvernants ont appris à compter, ils maîtrisent le vocabulaire temporel. Ainsi, et c'est très précis, il ne faut pas confondre pour un chantier « la première ligne du métro sera ouverte avant la fin du prochain semestre » avec « la deuxième tranche du métro sera livrée dans le deuxième trimestre de l'année ». Il ne faut pas non plus confondre « le premier tronçon de l'autoroute sera prêt pour la seconde moitié du troisième trimestre » avec « la jonction des derniers tronçons de l'autoroute sera finalisée avant le milieu de l'année prochaine ». D'ailleurs, bien malin qui pourrait dire laquelle de ces expressions cryptées définit une échéance plus proche que l'autre. C'est flou mais c'est le but du jeu ; en jouant avec le temps et les mots, on se permet d'entretenir les promesses interminables de chantiers interminables. Du coup, personne ne se rappelle quand est-ce que le métro d'Alger est censé voir le jour, même si tout le monde sait qu'il a 20 ans de retard. Mais on ne peut accuser les ministres de ne pas tenir leurs promesses, puisqu'ils ont expliqué que « le projet entrera dans sa troisième phase terminale au plus tard avant la réalisation de la première tranche finalisée après le 11e trimestre ». Les observateurs ont d'ailleurs noté que depuis quelque temps, on ne dit plus « les 200 000 logements seront livrés au premier trimestre 2009 », échéance du deuxième mandat, mais « les foyers seront alimentés à 75% en gaz de ville avant 2013 », ce qui annonce un troisième mandat. Quand est-ce que l'Algérie sera libre et démocratique ? Il faut attendre, l'Algérie n'est pas prête, elle est en phase de rodage de la conjugaison.