Sur une dizaine de kilomètres, au niveau des gorges de la Chiffa, la RN1 serpente les « entrailles » d'un relief dominant, ponctué de part et d'autre de ravins profonds encadrant le réseau hydrographique de l'oued Chiffa où, à longueur d'année, les eaux des résurgences y viennent se jeter. Les lieux étaient dans un passé pas très lointain « bondés » de monde, afin d'y faire halte en quête de repos et d'admiration de la nature. Mais aucun habitué de cette passerelle fascinante n'aura remarqué que les touristes sont de plus en plus « friands » des sites aménagés relevant de l'administration territoriale de la wilaya de Médéa. Si le site en question, à la frontière des deux territoires de Blida et de Médéa, offre les mêmes paysages, il n'en est rien sur le plan de la gestion administrative. La limite territoriale n'est qu'un moyen pour réguler les affaires de la communauté, seulement que, comble de l'ironie, il suffit d'un pas par ci, du côté de Médéa ou d'un pas par là, du côté de Blida pour que tout chamboule. En plus des potentialités que nous offrent ces lieux de villégiature, le citoyen est aussi, et cela est primordial, à la recherche de la sécurité, de la quiétude et de la sérénité. « Ça saute aux yeux, tellement la dissemblance est frappante. Du côté de Médéa, la zone touristique est parfaitement aménagée, entretenue : placette des métiers et de l'artisanat, commerce régularisé, stationnement sans risque de rencontrer des jeunes avec un bâton à la main…Du côté de la ville des Roses, la parade ne s'offre pas, hélas, en rose », affirme un vieux routier de son métier. Un autre témoignage, celui d'un restaurateur, qui a bien « mijoté » des plats traditionnels, tel un couscous aux amandes, préparé à l'occasion de la visite en 1980 de l'ex-président américain, Jimmy Carter, qui tira la sonnette d'alarme : « Depuis 2006 à ce jour, l'oued Chiffa a déjà ‘'phagocyté'' plus de 13 mètres de terre et la RN1 va disparaître si les autorités de Blida, déjà sollicitées, ne font rien. » En effet, on peut constater à loisir cette disparité. La placette des métiers et de l'artisanat du côté de Médéa demeure un vrai musée à ciel ouvert : une halte d'une demi-heure offre l'opportunité de visiter en toute tranquillité tout l'art des doigts de fée qu'illustrent de tas d'objets, de babioles et d'articles vestimentaires traditionnels. Propreté du site, des fontaines à l'eau claire, des robinets à eau h/24, des sanitaires entretenus, commerces régularisés et avant tout le respect qui caractérise les lieux. A El Hamdania, toujours sur l'autre « rive » (Médéa), cette localité bien connue de longue date pour ses grillades, on peut stationner là où un espace s'offre sans crainte aucune pour son véhicule. A l'autre face du miroir, à seulement 15 minutes de voiture du côté de la « Rose », c'est carrément le contraire… Des automobilistes, pour laver leur bolide, usent à tort et à travers des eaux de source en déversant d'énormes quantités de composés hydrocarburés difficilement biodégradables. Si le laisser-aller et l'absence des services concernés, pour gérer au mieux cet espace spécifique, de surcroît de renommée internationale, ne réagissent pas devant cette situation, il y a risque de perdre un autre endroit de repos et de loisirs.