Le colloque sur les perspectives de développement de la wilaya de Naâma, qui s'est déroulé les 26 et 27 décembre, a été ouvert par une allocution du chef de l'exécutif de la wilaya, mettant en exergue par un bref aperçu les différentes réalisations effectuées pendant les deux dernières décennies et les efforts que l'Etat a déployés en matière d'investissements. Pour sa part, Benmerad Md Saïd (CEPEAD), après avoir dressé un bilan sur les réalisations socio-économiques et une analyse sur les vingt années passées qui, en fait représentent l'existence tout entière de la wilaya de Naâma (issue d'un découpage administratif en février 1984), s'est attelé dans son intervention aux éventuelles perspectives, compte tenu des potentialités existantes, non sans mettre en relief les nombreuses distorsions générées durant les périodes antérieures. Des choix opérés dans l'urgence par une jeune administration qui, dira-t-il, devait au début faire face à une situation née des crises économiques et sociales du milieu des années 1980. Des situations « aux effets pervers » qui ont mis à jour le chômage, la marginalisation de pans entiers de populations enclavées et une insécurité grandissante. Quant à Salhi Zoubir (CEPEAD), celui-ci a insisté sur la faible maîtrise par les collectivités locales, notamment les APC, de leurs espaces et de leurs structures et systèmes de production. Il ajoute, d'autre part, l'absence de conditions favorables à la décentralisation des décisions et des actions, « ce qui est loin de correspondre aux standards de développement connus ailleurs dans le monde. » Lors de sa communication, il n'a pas hésité à déduire que les raisons de certains échecs de l'émergence d'une dynamique locale de développement sont étroitement liées à des insuffisances dans les méthodes d'élaboration des projets et une faible participation des acteurs locaux dans les programmes de développement. Il y a donc nécessité, dira-t-il pour conclure, d'une nouvelle approche qui ne peut être que participative et qui demeure la principale référence pour une stratégie de développement local durable. Par d'autres interventions, on a évoqué à plusieurs reprises le cloisonnement des secteurs « où chacun raisonne sur son programme sans aucune vision globale », alors qu'un développement durable, disent-ils, exige une synergie, tout au moins une interdépendance locale, inter et intra-sectorielle afin de mieux cerner les activités viables aux populations situées particulièrement dans les zones à vocation pastorale. Malgré la réalisation d'importantes structures étatiques relatives aux secteurs sensibles, implantées jusqu'alors en milieu urbain et qui caractérisent une certaine évolution de la wilaya, beaucoup reste cependant à faire en milieu rural pour un développement durable. la gestion des parcours est impérative A ce titre, pour fixer d'ores et déjà les jalons des perspectives de l'horizon 2020 et corriger les disparités, les principaux objectifs seront axés essentiellement sur le développement économique, la mise à niveau des infrastructures de base et une amélioration du cadre de vie des populations rurales fragilisées. Pour cette approche, cinq ateliers ayant trait aux différents thèmes ont été organisés par les consultants du CENEAP, pour une analyse des suggestions et des réflexions proposées par les acteurs sociaux et, après débats, recueillir enfin les véritables préoccupations des populations. Ce qui aurait pour finalité l'élaboration d'un schéma d'aménagement de la wilaya dans tous les secteurs, basé sur la consultation et la participation des populations concernées. Dans le domaine du pastoralisme, seul poumon économique de la wilaya, la situation n'est vraiment pas reluisante. Les zones steppiques qui englobent environ les 3/4 de la superficie de la wilaya ont été dévastées par une longue sécheresse et un surpâturage induit par des charges animales excessives, ce qui a favorisé d'autant plus la désertification et suscité un profond bouleversement dans les structures sociales. Certaines recommandations proposées par ces cinq ateliers préconisent que la gestion des parcours est impérative par une mise en défens pour une reconstitution du couvert végétal très dégradé et une amélioration de l'offre fourragère. D'autre part, l'initiative est donnée aux éleveurs de se former en groupement, coopérative ou association, pour un cadre de vie meilleur et une modernisation de l'élevage du cheptel ovin, notamment de la célèbre race El Hamra au nom vernaculaire qu'il est urgent de réhabiliter. Dans le même ordre d'idée, la femme rurale doit être largement intégrée au processus de développement rural et faire l'objet d'une promotion particulière, ainsi que le tourisme sous ses différentes formes. En somme, face à son destin et afin de se prémunir contre les tempêtes de demain, la population pastorale doit être au centre de toutes entreprises d'aménagement et réagir pour son développement. Devant ouvrir ce colloque, Abdelkader Khelil, ministre délégué auprès du chef du gouvernement, chargé de la Relance économique, a été retenu, la matinée du dimanche 26, à Tlemcen, par de fortes intempéries.