La révision de la constitution pliée, place maintenant à la chasse aux oiseaux « rares ». La cour de Bouteflika s'affaire, désormais, à lui trouver des compétiteurs, non pas qui soient en mesure de gêner son inévitable reconquête du palais, mais simplement de faire-valoir. Des candidats alibis à même de permettre une orchestration moins détestable et plus passable du show électoral en préparation. Et en l'espèce, le tandem Moussa Touati du FNA et Louisa Hanoune du PT qu'on sait partant ne trouve pas forcément grâce aux yeux de Bouteflika du fait qu'ils gravitent autour du pouvoir. Ils risquent, en effet, d'être classés parmi l'aréopage des candidatures “maison” destinées à donner l'illusion de la pluralité. Cela bien que idéologiquement et même politiquement la participation de Louisa Hanoune est importante par le fait qu'elle soit une femme d'abord, puis de l'extrême gauche. C'est dire que la patronne du parti des travailleurs pourra vendre cher sa place parmi les lièvres de Bouteflika. Moussa Touati, également, qui émarge dans les registres de la famille révolutionnaire serait le bienvenu, quand bien même il se permet quelques embardées au discours officiel qui induisent un soupçon de sérieux dans sa démarche. Et dans son infinie générosité, le régime sait renvoyer l'ascenseur à ceux qui lui servent d'escabeau sous forme de quotas de représentation et autres insondables prébendes électorales. Du côté du courant islamiste, Bouguerra Soltani qui souffle le chaud et le froid en fonction de la température interne de son parti le MSP pourrait être appelé éventuellement à suppléer l'absence du radical Djaballah, histoire de respecter les équilibres et vendre une candidature islamiste BCBG. Défaut de parrainages Il pourrait être ainsi amené à jouer le rabatteur pour Bouteflika à travers une campagne électorale soft destinée à mobiliser les électeurs de son courant à la participation. Reste la grande inconnue, une candidature du camp dit démocratique ou apparenté. On sait déjà que les Mehri, Hamrouche, Sifi, Benbitour et Benflis qui ont tous tété les mamelles du régime se sont exclus inexplicablement. A l'exception de Taleb El-Ibrahimi, qui pourrait invoquer les circonstances atténuantes de l'âge pour justifier son auto-mise à l'écart, les arguments silencieux et fatalistes de toutes ces personnalités dites nationales tiennent difficilement la route. Il est aisé de chuchoter à un cercle d'amis que « l'affaire est pliée » et qu'il serait inutile de se battre contre un Bouteflika triomphant. Mais que proposent en contrepartie ces personnalités ? Rien. Et ce n'est sans doute pas à partir de Genève que cette soi-disant opposition aux côtés de Dhina va proposer une alternative crédible pendant que les algériens veulent les voir ici battre le pavé et réanimer la vie politique… Cette posture laxiste et lâcheuse aux entournures de nos politiques cache mal l'attente désespérée de parrainages venus « d'en haut » dans la pure tradition du sérail. C'est précisément ce vide sidérant d'initiatives que remplit opportunément Abdelaziz Bouteflika pour se présenter dans la peau d'un « sauveur ». C'est ce qui explique également cette réplique presque mécanique de ses partisans : « A part lui, qui d'autre ? » S'il est vrai qu'un Saïd Sadi face à Bouteflika s'apparente à un combat entre David et Goliath, il est tout aussi vrai que l'implication de toutes les autres personnalités serait à même d'enclencher une dynamique politique porteuse. La force supposée du camp de Bouteflika n'a d'égale que la faillite politique de ses opposants de bureaux. Quand on voit sous d'autres cieux s'organiser des primaires et, à couteaux tirés, au sein d'un même parti pour désigner un candidat ou un chef de file, on mesure mieux l'étendue du fossé qui sépare notre « classe politique » de la classe en politique.