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La pasionaria de l'islamisme « cool »
Nadia Yassine, entre Tino Rossi et Tarik Ramadhan
Publié dans El Watan le 19 - 11 - 2008

Je suis taxée d'islamiste assumée », lâche-t-elle d'une voix enjouée où se mêlent provocation et ironie. Il faut dire que Nadia Yassine, la fille de Abdessalam Yassine, le vieux patriarche de l'islamisme marocain, fondateur de l'association Al Adl Wal Ihssane (justice et spiritualité), était très attendue lors de ces Rencontres d'Averroès, dont elle était l'une des figures de proue.
Décontractée, cultivée et très brillante, c'est une polémiste redoutable, elle qui parle avec aisance de tous les sujets en truffant ses interventions de références à Derrida, à Todorov, à Nietzsche, à Bourdieu, à Edward Saïd et autre Baudrillard, et qui chante Tino Rossi en réponse à une question sur la Méditerranée. « Je suis très accro à la chanson française », confie-t-elle au public. Il faut noter que Nadia Yassine a fréquenté l'école française de Rabat et a longtemps été prof de français, elle qui est par ailleurs diplômée de sciences politiques à l'université de Fès. Née en 1958 à Casablanca, elle fait beaucoup moins que ses 50 ans et sa fougue naturelle lui donne un air jeune. Nadia Yassine est une femme de caractère. Elle séduit, elle agace, elle choque, elle énerve, elle captive. « Elle me donne presque envie de devenir islamiste », lâche un confrère quand des étudiants marocains de gauche la conspuent.
Porte-parole d'Al Adl Wal Ihssane, l'association créée par son père et qu'elle a doté d'une section féminine, Nadia Yassine cite sans complexe Tarik Ramadhan qui occupe une place centrale dans son intertextualité. Autre particularité forte : Nadia Yassine est une républicaine convaincue et ses déclarations contre la structure monarchique du régime marocain lui vaudront des démêlés avec le Makhzen pour « atteinte aux institutions sacrées du pays ». Son passeport lui sera retiré jusqu'en 2003. Son père, signale-t-on, avait connu des jours sombres sous Hassan II, entre emprisonnement et assignation à résidence. Il passera 42 mois interné dans un asile psychiatrique, jusqu'en 1979. Moderne, modérée, son héritière aime à donner d'elle l'image d'une activiste « cool » et « up-to-date ». Elle a même un site internet qui reprend ses (nombreuses) interviews (www.nadiayassine.net.fr). Sur le site défile une bande annonçant l'arrestation de 60 membres de l'association dans la ville de Nador, alors qu'ils tenaient une séance de dhikr. Nadia Yassine nie entretenir une quelconque relation avec l'Islam djihadiste et se revendique du soufisme qu'elle présente comme « un antidote à la violence ». Pour elle, les sources de la violence sont à chercher dans la « colère des jeunes », elle-même nourrie par le mal-être et l'injustice. Elle propose à la suite de son père un « pacte islamique » qui, assure-t-elle, garantira à la société marocaine une mutation douce vers la démocratie sans transiter par le maquis. « On ne pose pas de bombes, on est pour la non-violence », insiste-t-elle. Nadia Yassine dénonce vigoureusement le machisme des musulmans. Elle n'hésite pas à qualifier de « liberticide » et de « misogyne » une partie de la pensée islamiste et confie qu'elle est frappée d'apostat par la mouvance salafiste qui « veut sa peau ». Elle se dit altermondialiste, prêche l'autocritique de l'héritage musulman et se montre favorable à un ijtihad qui ouvrirait l'Islam à la modernité. A la question d'un membre de l'assistance : « A quand la liberté de changer de Dieu ? », elle déclare, imperturbable : « Dans un cadre d'exégèse, tout est pensable. » Et de renchérir : « Je suis pour l'ijtihad total. Qu'on révise tout ! Pour moi, tout est à revoir », avant de fustiger l'attitude d'un « pouvoir sclérosant qui nous interdit l'exégèse ». D'où son attachement, proclame-t-elle, à la démocratie et à la religion des droits de l'homme. Elle suggère en filigrane que le régime marocain, comme nombre de régimes arabes, a tout intérêt à ce que perdure l'Islam traditionnel pour ne pas remettre en question sa légitimité. La prestation de Nadia Yassine ne lui vaudra pas que des ovations. Un étudiant marocain monte au créneau pour dénoncer le « double discours » de cette véritable pasionaria de l'islamisme contemporain. Il y entrevoit même un « fascisme à l'algérienne ». « Je ne crois pas à ce message de miel », s'indigne cet étudiant qui affirme avoir été torturé par des activistes d'Al Adl Wal Ihssane. Un autre évoque la marche de protestation de Nadia Yassine contre la « moudawana » qui accordait plus de libertés aux femmes. L'accusée confirme : « Oui, j'ai marché contre la ‘'moudawana'' et nous étions des milliers de femmes. Nous étions les méchants islamistes à Casa et les bons démocrates faisaient leur marche à Rabat », ironise-t-elle non sans rappeler l'opposition farouche entre le « groupe du 8 mars », partisan du Hezbollah, et le groupe du « 14 mars » au Liban. Nadia Yassine, en porteuse d'un « féminisme vert », voit derrière la « moudawana » la main de la Banque mondiale. Pour elle, il ne fait aucun doute que c'est le pouvoir qui manipule aussi bien les gens de sa mouvance que et les militants de gauche et les autres sensibilités. Citant Baudrillard, elle chante l'unité et entonne : « Le drame, ce n'est pas d'être dépossédé par ‘'l'autre'' mais d'être dépossédé de ‘'l'Autre''. »


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