L'armée israélienne, héritière des fameux groupes terroristes juifs qui ont fait la chasse aux Palestiniens qu'ils ont contraints à l'exil par centaines de milliers, entre 1936 et 1948, date de la création de l'Etat d'Israël, reste à vrai dire le centre du pouvoir. Elle ne se prive pas d'intervenir sur le champ politique, rappelant à l'ordre un responsable devenu irresponsable à ses yeux, sans recourir aux méthodes putschistes traditionnelles. Elle reste le défenseur de l'idéologie sioniste avec ce que cela traduit comme actions, et l'expansionnisme en est une. Et ce qui est suggéré avec insistance par le vice-ministre israélien de la Défense en est explicite. M. Zeev Boïm a estimé hier que le plan de désengagement de la bande de Ghaza peut être compromis par le phénomène des refus d'obéissance à l'armée. « Je crains que l'armée ne puisse pas appliquer le plan unilatéral de retrait, si le phénomène des refus d'obéissance s'amplifie et touche des milliers de soldats », a-t-il déclaré à la radio publique israélienne. Aussi, demande-t-il à la principale organisation de colons de « faire preuve de responsabilité et de ne pas participer à la destruction de l'armée en l'appelant à violer la loi et à ne pas appliquer des décisions prises démocratiquement ». M. Boïm a ainsi réagi à des mises en garde exprimées par les chefs de colons la veille lors d'une rencontre au ministère de la Défense à Tel-Aviv avec de hauts responsables militaires. Selon ses propos publiés hier par les médias, le chef de Yesha, Benzi Lieberman, a averti que son organisation « n'était pas en mesure d'endiguer le phénomène croissant du refus d'obéissance dans l'armée qui touche déjà des milliers de soldats » à propos du plan de retrait unilatéral. Ce plan prévoit l'évacuation d'ici à septembre 2005 des quelque 8000 colons habitant les 21 implantations de la bande de Ghaza et de quatre autres isolées dans le nord de la Cisjordanie. Toujours selon les médias, le chef d'état-major de l'armée israélienne, le général Moshé Yaalon, qui a participé à la rencontre avec les colons, s'est déclaré « inquiet » face aux appels à la désobéissance dans l'armée et a demandé aux chefs de Yesha « de faire preuve d'esprit de responsabilité ». Egalement interrogé à la radio, le numéro deux du cabinet israélien, Ehud Olmert, s'est déclaré convaincu que les chefs de Yesha ne parviendront pas à « effrayer l'opinion » et que le plan de retrait sera bel et bien appliqué. Un député du parti Yahad (gauche laïque) Avshalom Vilan a, de son côté, estimé que les mises en garde des colons à la haute hiérarchie de l'armée « constituent en fait un inacceptable appel à la rébellion ». Le tout bien entendu est de savoir de quel poids disposent les colons, et par conséquent leur influence réelle sur les institutions. Nul doute que ces ultras au milieu d'un océan d'extrémistes sont dangereux, n'hésitant pas à ordonner et applaudir l'assassinat d'un Premier ministre, Yitzhak Rabin, coupable de trahison pour ces fanatiques pour s'être éloigné de l'idéologie que lui-même défendait avec zèle lorsqu'il était à la tête de l'armée israélienne, en décidant de faire la paix avec les Palestiniens. C'est cela Israël, celui-là même qui a préféré Ariel Sharon partisan au moins d'un statu quo avec les Palestiniens, à tout autre partisan de la paix. C'est ce qui fait dire aux Palestiniens que les Israéliens - pas tous évidemment - sont contre la paix.