« Sincèrement nous n'avons vu aucune incidence sur le terrain de cette manne financière dont parlent les décideurs et qui devrait nous revenir de droit. Nous vivons en 2008 exactement les mêmes problèmes des années 1980 et 1990. Nous défions quiconque de nous montrer un signe d'une avancée quelconque dans nos villages. Amadhi, Tala Ayache, Abada, Zaouïa, Tissira et d'autres villages agonisent », dit un habitant. La commune d'Afir, située à l'extrême est de la wilaya de Boumerdès, vit d'énormes problèmes depuis des décennies. Routes, transport, eau potable, emploi, investissement, enclavement…tout fait l'objet de plaintes de la part des citoyens dans cette partie oubliée du département de l'ex-Rocher noir. La particularité ici c'est que responsables élus et habitants s'accordent à dénoncer l'oubli dont est frappée leur commune. « Les pouvoirs publics ont complètement oublié qu'il existe une commune dénommée Afir. Cela est peut être dû au fait que nous soyons loin des centres décisionnels. Afir est en fait située à 80 km à l'est du chef-lieu de wilaya. Il nous est difficile d'aller organiser un sit-in devant le siège de cette dernière », nous dit un habitant. Un élu à l'APC, sur la liste RCD, en l'occurrence M. Belkacemi Ahmed nous dira que la commune vit une situation catastrophique. « Le problème majeur de la population demeure celui de l'alimentation en eau potable. Depuis la création de la commune, la popualtion expose ce problème, mais en vain. Les citoyens sont contraints de s'approvisionner dans les fontaines, les oueds ou en citernes qu'ils payent entre 1000 et 1400 DA l'unité. L'ouverture des pistes tant réclamée par les habitants des zones enclavées est à chaque fois reportée à un autre mandat ». Les citoyens d'Afir se plaignent en fait du problème d'eau même en hiver. L'élu expose également le problème des écoles qui souffrent de nombreuses difficultés et qui ne sont pas chauffées en hiver. Les 24 villages de la commune sont ainsi plus ou moins touchés par des problèmes « qui ne devraient pas se poser pour un pays qui engrange des milliards de dollars de recettes pétrolières ». Le maire d'Afir, n'est pas allé avec le dos de la cuillère pour dénoncer avec virulence les blocages dont est victime selon ses propos sa municipalité. Amar Flici, nous dira d'emblée : « L'assemblée populaire communale démissionnera si des mesures appropriées ne sont pas prises urgemment en direction de cette commune aux problèmes disproportionnés. Je profite de cette extraordinaire opportunité que vous m'offrez pour demander une commission d'enquête de la wilaya qui permettrait à même de rétablir et d'assainir les créances héritées durant les deux précédents mandats. Je trouve aberrant que des factures de redevances téléphoniques estimées à 21 millions de centimes et celles de l'électricité s'élevant à 15 millions de dinars ne soient pas payées. Quant aux factures des fournisseurs qui, elles aussi, demeurent impayées, elles sont estimées à 65 millions de centimes. Le siège de l'APC est actuellement alimenté en courant électrique par le CEM et le téléphone nous a été coupé. » Et d'enchaîner avec la même colère : « A toutes ces difficultés, est venue se greffer, comme un cheveu sur la soupe, le blocage de l'opération de revêtement en bitume de la route reliant la RN24 à la RN71 via Tala Aâyache, de la route reliant la RN24 à la RN71 via Abada et la route reliant la RN71 à la commune limitrophe, Taourga. » Et d'ajouter : « Le blocage en question est dû à des réserves infondées. » Invité par nos soins pour apporter davantage de précisions, notre interlocuteur nous dira : « Nous avons lancé des appels d'offres via la presse à deux reprises. Il n'y a eu qu'une seule entreprise qui a soumissionné. La commission d'ouverture des plis ne peut ouvrir les plis sans la présence de trois soumissionnaires. Après instruction du wali, la commission a rejeté les marchés. Ce n'est certainement pas la faute de l'APC s'il n' y a eu qu'une seule entreprise à avoir soumissionné. De ce fait la commune est fortement pénalisée. Afin d'éviter tout retard avant l'arrivée des grandes pluies, nous demandons au wali d'alléger la situation et d'approuver les marchés. » Et de poursuivre : « Notre commune s'étend sur une superficie de 60 km2 et compte 24 villages pour une population estimée à 14 000 âmes. Nos élèves viennent des 24 villages. Logiquement, 5 bus peuvent-ils suffire pour le ramassage scolaire ? Pour la protection de notre matériel, le parc communal doit être doté de hangars. » Le 2e adjoint au maire intervient pour dire : « La commune d'Afir nécessite en outre la réalisation d'un nouveau siège, l'actuel étant trop exigu. » Et au maire d'Afir n'Ath Selgam de clôturer : « Nous attendons depuis près de deux décennies la mise en service du service maternité de la polyclinique de la commune, hélas, en vain. Absence de sécurité oblige, nous sollicitons avec persistance l'installation d'une brigade de gendarmerie et/ou d'une unité de la PMPJ au niveau du chef-lieu. Quant au problème de l'alimentation en eau potable, c'est carrément le calvaire au quotidien. Avec tous les problèmes que je viens de citer, je crois qu'il est difficile, voire impossible, de mener le bateau Afir à bon port. Encore une fois de plus, je persiste et signe, si des solutions ne venaient pas apaiser la colère toujours croissante de la population d'Afir, l'assemblée populaire communale démissionnera. » H. A., Y. O.