L'ancien wali d'Oran quittera la prison de Serkadji, le 20 janvier 2009, après avoir purgé une peine de 7 années de réclusion, prononcée à son encontre par le tribunal criminel près la cour d'Alger en 2005, qui l'a jugé en appel. Ses cinq coaccusés ont été condamnés à des peines allant de 6 à 3 ans de prison. Les sanctions, même allégées par rapport au premier procès, ont été jugées à l'époque très sévères, eu égard aux griefs retenus contre les mis en cause. Les sept jours de débat contradictoire de ce procès ont mis en relief la trame de fond politique qui a caractérisé l'affaire et laissé planer le sentiment de règlement de comptes. Poursuivi pour, entre autres, dilapidation de deniers publics, l'ancien wali d'Oran s'est défendu en accusant Mustapha Kouadri, son successeur (ex-wali d'Oran) « d'avoir fomenté le procès pour détourner l'attention de l'opinion publique sur une sale affaire de trafic de drogue ». Il s'est demandé pourquoi il était le seul wali à avoir été poursuivi par un autre wali (Kouadri) 4 ans après avoir quitté son poste à Oran. La loi, avait-il précisé, « ne permet pourtant pas aux walis de déposer plainte contre d'autres walis. C'est au ministre de l'Intérieur et à celui des Finances de le faire. Comment se fait-il que cette plainte a été acceptée et pourquoi celui qui m'a succédé à ce poste durant deux ans, avant que Kouadri ne le remplace, n'a pas engagé de poursuite ? » Il n'a cessé de répéter à l'adresse du tribunal que Mostefa Kouadri n'avait pas « les pouvoirs légaux » de déposer plainte contre lui. Il est allé très loin en déclarant : « A l'époque, en 2002, il y a eu une grave et sale affaire de trafic de drogue à Oran dans laquelle certains responsables étaient impliqués. Kada Hezil (l'ex-DAS) a écrit une lettre au Président sur le sujet. Kouadri, pour détourner l'attention de l'opinion publique, a créé une affaire de foncier à Oran avec l'aide de l'ancien chef de sûreté de wilaya et le chef de la 2e Région militaire. » Des révélations qui avaient provoqué l'effet d'une bombe et suscité les plus vives interrogations sur les responsabilités des uns et des autres dans les trafics en tout genre. L'opinion publique ne saura rien de ces affaires, étouffées avec l'incarcération de Frik Bachir, un des témoins-clés. Le 20 janvier prochain, ce dernier sera libre. Les révélations qu'il promet pourront-elles faire la lumière sur les pratiques mafieuses qui ont marqué une période des plus sombres de l'Oranie, où à l'ombre du terrorisme, le phénomène de la drogue s'est développé à une vitesse et dans proportions alarmantes. Très attendue, la sortie médiatique de Bachir Frik, à la veille d'une campagne préélectorale, marquée par des accusations et contre-accusations, entre certains clans du système, va certainement ajouter du sel à un débat qualifié par beaucoup d'explosif.