Les résultats du dernier recensement général de la population et de l'habitat (RGPH), tendent à confirmer que l'exode rural persiste dans la wilaya de Béjaïa. En attendant que les conclusions de l'opération soient officiellement rendues publiques, des indices glanés à travers certaines communes montagneuses de la région font savoir que la tendance, loin de s'inverser, gagne plutôt en consistance. C'est ainsi le cas de la commune de Tinebdar, sur les hauteurs de la daïra de Sidi Aïch, dont le premier responsable affirme que les habitants de la circonscription sont nombreux à avoir changé de lieu de résidence. Le P/APC de Kendira, une circonscription rurale de l'extrême est de la wilaya de Béjaïa, a relevé pour sa part, lors d'une récente rencontre des élus et de l'administration au niveau de la wilaya, que 4200 habitants ont quitté la commune pour élire domicile ailleurs. Aussi, pense-t-il que dans quelques années, des P/APC logés à la même enseigne pourraient se retrouver à « gérer les archives ». Idem pour la commune d'Ighram, dans la daïra d'Akbou, qui a vu le nombre de ses habitants passer de 16 000, lors de l'avant-dernier recensement général, à seulement près de 12 000, comme le révèle la dernière opération du genre. L'exode se maintient et dans certains cas gagne en ampleur, en raison de la persistance de l'inertie en matière de développement, s'accordent à expliquer les élus. Au manque du minimum vital, à l'image des infrastructures pédagogiques et des équipements de services, la zone rurale est par ailleurs privée de certains apports de développement devenus un luxe dans ces parages déshérités. Le gaz de ville, dont le taux de pénétration global à travers la wilaya demeure l'un des plus faibles au niveau national (à peine 20%), le délabrement de l'infrastructure routière, notamment les chemins communaux, l'absence d'activité industrielle pouvant fixer les jeunes versés dans la vie active, l'insuffisance en matière de couverture sanitaire, et le maillage chétif en termes de réseaux de télécommunication, sont autant de difficultés qui placent les gens devant le choix déchirant d'abandonner leurs terres et de se résoudre à s'établir dans les centres urbains. Le lancement des Plans de proximité de développement rural intégré (PPDRI), censés apporter des solutions au phénomène, affiche pour l'heure des bilans pour le moins mitigés. C'est ce constat qui, au demeurant, a fait dire au wali de Béjaïa récemment que la conduite de l'opération devait être revue, notamment sur le plan de la communication pour sensibiliser les acteurs des différentes localités potentiellement concernées par le plan, à l'utilité de s'investir dans la démarche.