Tighilt N'Seksou, une localité relevant de la commune de Haïzer, 10 km au nord-est de Bouira, demeure, à l'instar de tous les villages et hameaux de la région appelée communément Ath Meddour, une bourgade enclavée. Cette localité est située à quelques encablures seulement du chef-lieu de la daïra de Haïzer, comptant quelque 3000 habitants, vivant dans des conditions précaires. Lors de notre passage, des habitants n'ont pas manqué de relever la désuétude dont ils vivent, allant jusqu'à dire qu'ils vivent encore dans le moyen-âge, car, selon eux, la localité accuse un déficit énorme en matière de développement. A ce titre, nos interlocuteurs ont soulevé l'absence de plusieurs commodités vitales et le manque criant de projets d'investissement et d'équipements publics à même d'améliorer leur vécu. A commencer par le manque de moyens de transport. Un écueil vécu au quotidien par ces misérables citoyens. Selon nos interlocuteurs, les quelques transporteurs assurant la desserte vers les villes et villages limitrophes, sont souvent absents aux arrêts. L'impraticabilité des routes et autres chemins vicinaux en est pour la plupart des cas, la raison évoquée. En effet, il nous a été donné de constater de visu l'état de dégradation avancé de ces chemins où les crevasses et les nids-de-poule font augure de décor permanent. Les désagréments causés aux usagers ont, de facto, contraint ces transporteurs à ne pas s'aventurer de ce côté. D'autre part, il est utile de rappeler que ces villageois ont été, durant les années du terrorisme, la cible des hordes intégristes qui ont écumé la région de Haïzer. Cette situation incommodante a ainsi poussé des dizaines sinon des centaines de familles à fuir leurs demeures et à abandonner carrément leurs terres pour aller s'installer au niveau des grands centres urbains de la région. Pourtant, la seule ressource pour les villageois de Tighilt N'Seksou est celle de la culture oléicole qui demeure par ailleurs, l'unique ressource de toutes les communes rurales de la wilaya de Bouira. Ainsi, subissant les affres du terrorisme et le manque d'aides dans le cadre des plans de développement rural, cette culture a connu ces dernieres années une nette régression. L'autre écueil dont souffrent ces montagnards est celui du non-raccordement au réseau de gaz naturel, que ceux-là revendiquent avec véhémence. Car, il va sans dire que vu les conditions climatiques rudes caractérisant ces contrées, la population se rabat sur le gaz butane qui, lui aussi, vient à manquer, notamment en période hivernale. Pour les foyers démunis, n'arrivant pas à se payer le luxe du feu bleu, la perspective est dans la combustion du bois. Cela même qui ne manque pas de porter un coup dur au tissu végétal de toute la région. Côté infrastructures publiques : Tighilt N'Seksou ne dispose même pas d'une salle de soins ou de toute autre infrastructure sportive ou culturelle. « Ici, les villageois doivent se débrouiller pour acheminer un malade vers les cliniques de Bouira et dans des cas d'urgence nous devons nous armer de beaucoup de courage… l'implantation d'une salle de soins demeure une nécessité dans ce village perché en haute montagne », déclare un habitant. La scolarité des enfants est aussi le parent pauvre dans cette localité ne disposant que d'un seul groupe scolaire, au demeurant dépourvu de cantine. Les potaches, que ce soit en hiver ou en été, doivent, par ailleurs et avec un ventre creux, se dégourdir les jambes, chaque jour que Dieu fait, en parcourant une distance de plusieurs kilomètres pour rallier leur école. Idem pour les lycéens et autres étudiants scolarisés dans les établissements des villes de Bouira et de Haïzer qui continuent à endurer, eux-aussi, le manque de moyens de transport scolaire. C'est là autant de difficultés que ces pauvres villageois surmontent au quotidien et devant le regard désintéressé des responsables locaux visiblement anesthésiés par le confort de leurs sièges.