– Fondation d'Algérie-Actualité «L'on voit les hommes tomber d'une haute fortune par les mêmes défauts qui les y avaient fait monter.» Jean de la Bruyère Comme je ne suis pas un lecteur assidu d'un quotidien donné, quelqu'un de bien ou de mal intentionné, allez savoir, m'a fait parvenir la page 11 d'El Watan du jeudi 3 mai 2018. Ma mémoire a fait tilt. Je me suis souvenu de l'avoir déjà lue. Quand ? Je farfouille dans mes archives et je retrouve le même article consacré à Bachir Rezzoug avec une photo différente et daté du 22 mai 2008 ! Il y a 10 ans de cela, comme si c'était hier ! Qu'El Watan me permette de rétablir la vérité pour les lecteurs et pour ceux qui se pencheront sur l'histoire de la presse nationale post-indépendance(1). Ce que je sais de Bachir Rezzoug, c'est qu'il a fait partie des 29 stagiaires, si l'on inclut sa femme Dahila Azizi qui l'avait accompagné et participé à toutes les activités du stage de formation des journalistes, initié par le ministère de l'Orientation nationale et de l'Education, dirigé par feu Cherif Belkacem, avec la concours de l'Organisation internationale des journalistes (OIJ), présidée par Jean-Maurice Herman. Ce stage a eu lieu au centre familial de la Casoral à Benharoun, à Alger, donc en Algérie. Rien à voir avec la Tchécoslovaquie ! Il n'y a jamais eu de major de promotion du fait même de la diversité des thèmes, des sujets et des centres d'intérêt : politiques internationale et nationale, économie, culture, sport, reportage, commentaire photo, mise en page et secrétariat de rédaction... Bachir Rezzoug était le seul à s'être intéressé à cette discipline. Il a eu l'heur, le bonheur et la chance d'avoir côtoyé Paul grangeon, qui a officié à Libération et au Canard enchaîné, et Serge Michel(2), à qui Abane Ramdane a confié en 1957, à Tunis, le secrétariat de rédaction et la mise en page de l'édition en langue arabe d'El Moudjahid, l'organe central du FLN ! Il n'y a jamais eu de classement de fin de stage et de ce fait il ne pouvait y avoir de major de promotion ! La presse relevait du parti du FLN, plus exactement de la commission orientation dirigée par Hocine Zahouane, membre du BP du FLN. A partir du 2 décembre 1964, elle relèvera de Salah Louanchi, directeur général de l'information à la présidence de la République de Ben Bella. Serge Michel, rédacteur en chef, avait structuré Alger ce soir ; la rubrique nationale reviendra à Youcef Ferhi, l'internationale à Hadj Ayad, la sportive à Rachid Mazouni et le secrétariat de rédaction et la mise en page à Bachir Rezzoug, assisté de Paul Grangeon et Serge Michel pendant environ trois mois, le temps à Bachir de prendre plus d'assurance et donner la pleine mesure de son talent. Tout était en place quand Mohamed Boudia a pris ses fonctions de directeur d'Alger ce soir. Il ne sollicitera qu'une seule personne, Oukhmanon Seghir comme responsable de l'administration générale d'Alger ce soir et qui était son compagnon à la Fédération FLN de France et au TNA. Quant à l'arrêt d'Alger ce soir, le 6 septembre 1965, je vois mal comment sa fin prêterait à rire s'il y avait eu une légende qui ne correspondait pas à la photo de Bachir Boumaza en partance pour l'Afrique de l'Est, envoyé spécial du président Boumediène dans le cadre de la tenue à Alger de la conférence afro-asiatique. La faute incombait à Bachir Rezzoug, responsable de la mise en page de la une ou à Abdelaziz Belazoug directeur alors du journal(3) ; le ministre n'a vu le journal qu'à son retour et n'a jamais fait de commentaire ! Bachir Rezzoug n'a jamais rien eu à voir avec la fusion ratée du Peuple et d'Alger Républicain. Par décision n°00 999 du 23 mars 1966 était créée la Direction générale de la presse écrite (DGPE) confiée à Abdelaziz Belazoug, qui avait pris, en juillet 1965, la direction d'Alger ce soir après le départ de Mohamed Boudia. A la mi-septembre 1965, après l'arrêt d'Alger ce soir, Bachir Boumaza avait décidé de muter toute la rédaction à El Moudjahid. Après la dure négociation avec Boumaza, je récupérais Bachir Rezzoug, Zhor Zerari, Mohamed Abderrahman, qui formeront l'ossature d'Algérie-Actualité qui verra le jour le 24 octobre 1965. Bachir Rezzoug a été et restera un grand secrétaire de rédaction. Quand il maniait le typomètre, il me rappelait feu Mohamed Maouche, le seul typographe à France-Soir qui, avec Serge Michel, ont élaboré le n°0 d'Al Chaâb, un certain 14 septembre 1962.