Le 24 août 2010, deux journalistes de la Chaîne III décèdent. La presse dans son ensemble leur a rendu un hommage mérité. Le ministre de l'Information lui-même y est allé de son credo. J'ai trouvé cela magnifique, mais là où le bât blesse, c'est quand des stakhanovistres, des pionniers de cette presse, tirent leur révérence dans l'indifférence générale, passe encore, mais dans l'indifférence de la famille de la presse, cela fait un petit pincement au cœur ! Tous les ministres de l'Information, à l'exception de Boumaza, Benyahia et le président Chadli, n'ont jamais accordé le moindre égard aux vétérans - ils se comptent aujourd'hui sur les doigts d'une seule main - de la presse nationale qui ont été pressés comme des citrons et jetés dans la poubelle de l'oubli ! Il y a quelques jours, un petit encadré nous annonçait que Salim avait tiré sa révérence. Il est parti comme d'autres, en catimini, le 22 août 2010. Hocine Taha Bouzaher, dit Salim, nous a quittés, mais pas son souvenir, pas sa gentillesse, pas ses colères… Quelques jours avant, il m'avait appelé et nous devions nous rencontrer. Salim avait fait partie avec Mahieddine Moussaoui, Ali Haroun, Zoheir Ihaddadène… de l'équipe qui a créé Résistance algérienne fin 1955 à Tetouan au Maroc, sous la responsabilité de Mohamed Boudiaf. Il fera ensuite partie de l'équipe d'El Moudjahid à Tetouan puis à Tunis sous la responsabilité de Rédha Malek. En 1960, il rejoint la Fédération de France. En 1959, il publie Le long de la ligne Morice suivi en 1960 d'une pièce de théâtre chez Maspero. Des voix dans La Casbah. Il s'agit en fait de deux pièces : On ne capture pas le soleil et Serkadji qui célèbrent la résistance et le martyre du peuple sous la domination coloniale. Après l'indépendance, il collabore à El Moudjahid (l'historique l'hebdo) avec Belkacem Benyahia, Abdelaziz Belazoug, Mahmoud Tlemçani, Noureddine Tidafi, Mourad Bourboune… Après un furtif passage en juillet 1965 à la direction d'El Moudjahid (l'imposteur, le quotidien), il intègre Sonatrach. Il publiera plusieurs romans Les cinq doigts du jour (1967), Le Sel et la plaie (1992), Le huitième matin (1993)… Mais voilà qu'un 23 août 2010, celui qui était venu au monde il y a 75 ans et qui avait «décidé de raconter l'histoire vraie», s'en est allé emportant avec lui une grande partie de cette histoire. Je ne peux pas lâcher mon stylo sans évoquer Hadj Benayad dont j'ai appris par un pur hasard la disparition qui remonte au 1er décembre 2008. Il était venu fin août début septembre 1962 à Achaâb (ancêtre du Peuple et d'El Moudjahid) avec Khaled Safer, Djamel Amrani, Mohamed Lounis…, tous du commissariat politique. En janvier 1964, il sera détaché comme assistant au premier stage de formation de journalistes organisé par le ministère de l'Orientation nationale avec l'aide de l'OIJ (Organisation internationale des journalistes). Il participera à la création d'Alger ce soir dont il sera le rédacteur en chef après le départ de Serge Michel avant de retourner à El Moudjahid en septembre 1965. Il terminera sa carrière à l'APS (Algérie presse service). En mars 2009, c'est Abdelaziz Belazoug qui s'en va à son tour. Rédacteur en chef d'El Moudjahid (l'historique) de 1962 à juin 1964. Il succédera à Mohamed Boudia à la tête d'Alger ce soir jusqu'à son arrêt le 7 septembre 1965. Bachir Boumaza le désignera alors à la tête de la direction générale de la presse écrite (El Moudjahid, Achaâb (arabe) Algérie Actualité) jusqu'à son exil en novembre 1966. Belazoug fut également le premier secrétaire général de l'UJA (l'Union des journalistes algériens) créée le 11 juillet 1964. Je ne signerais pas ce papier. L'envie de le faire me titille, mais on fera comme dans les années soixante, soixante-dix quand tous les écrits étaient anonymes, ce qui arrangeait bien certains. Mes amis, je ne vous dirai ni adieu, ni à bientôt parce que tôt ou tardb on se retrouvera un jour… C'est sûr, mais égoïstement le plus tard possible. La vie est quand même belle !